Le choix du prénom ou la logique narcissique de l’Idéal du Moi : Introduction


« De tous les phonèmes, de tous les mots ainsi entendus par l’enfant, il en est un qui va être d’une importance primordiale, assurant la cohésion narcissique du sujet : c’est son prénom. »

Françoise Dolto, L’image inconsciente du corps, p.46

Historique du sujet

Travaillé par des questions qui, dans l’après-coup, tournaient autour de celle des origines, je me suis interrogé lors d’un travail de recherche sur une étape particulière dans « la préhistoire de l’enfant », à savoir celle du choix du prénom par les parents. J’ai tenté d’étudier cette étape comme un moment où la question des générations, mais aussi celle de la transmission, pouvaient être posées.

Introduction de la problématique du générationnel

En effet, les relations dynamiques inconscientes entre les parents et l’enfant sont tout autant constitutives que destructrices de l’être de l’enfant. L’inconscient agit dans une famille et c’est ainsi que l’enfant, par son symptôme, peut représenter un symptôme familial. Lacan avance à ce sujet deux idées particulièrement intéressantes dans ses deux notes sur l’enfant[1] publiées dans les Autres écrits : « Le symptôme peut représenter la vérité du couple familial. C’est là le cas le plus complexe, mais aussi le plus ouvert à nos interventions. » Et plus loin : « L’articulation se réduit de beaucoup quand le symptôme qui vient à dominer ressortit à la subjectivité de la mère. Ici, c’est directement comme corrélatif d’un fantasme que l’enfant est intéressé. »

A ce propos, son amie Françoise Dolto écrit : « C’est l’enfant qui supporte inconsciemment le poids des tensions et interférences de la dynamique émotionnelle sexuelle inconsciente en jeu chez les parents, dont l’effet de contamination morbide est d’autant plus intense que le silence à leur propos et le secret en est gardé (…) Là où le langage s’arrête, c’est le comportement qui continue à parler »[2].

C’était donc dans cette perspective de détermination de l’enfant par l’histoire du couple, et par l’histoire individuelle de chacun des parents (notamment dans leurs rapports à leurs propres parents) que je  situerai ici mon propos.

La transmission générationnelle

La question de la transmission générationnelle est une question sensible en psychanalyse et elle a fait couler beaucoup d’encre depuis son entrée sur la scène analytique.

Si on a pu reprocher à Freud une conception théorique trop solipsiste, qui serait trop centrée sur l’intrapsychique, le problème de la transmission, notamment phylogénétique au travers de la question généalogique et de celle de la filiation, ne lui est bien évidemment pas étranger. En effet, avec Totem et Tabou (et jusqu’à L’homme Moïse et la religion monothéiste), il s’interroge sur la transmission, notamment celle du complexe d’Œdipe et de la conscience de culpabilité liée au meurtre du père. Il tente d’analyser d’une part la transmission du tabou dans l’organisation sociale et dans la réalité psychique, et d’autre part la transmission de la vie psychique entre les générations. Il va ainsi dégager une voie de transmission par la culture et par la tradition, assurée par l’appareil culturel et social branché en quelque sorte sur les différentes générations.

La seconde voie de transmission qu’il tente de frayer a directement partie liée à la vie psychique inconsciente que la culture va irriguer. Il suppose dans Totem et Tabou une âme collective qui se poursuivrait de génération en génération.

Mais ce sera chez les post-freudiens, qui s’inspireront parfois de travaux s’inscrivant dans les courants de thérapie systémique ou familial, que cette question de la transmission psychique entre générations sera plus amplement développée. Pour n’en citer que quelque uns : Serge Lebovici a développé par exemple le concept de « mandat transgénérationnel »[3], Alain de Mijolla pour qui le concept d’identification tient une grande place, a proposé ailleurs la notion de « fantasmes d’identification »[4]. Haydée Faimberg a développé celle de « télescopage des générations »[5], tandis que Nicolas Abraham et Maria Torok ont travaillé, quant à eux, les notions de « crypte » et de « fantôme »[6]. Tous ont ainsi cherché à décrire certaines conditions métapsychologiques de la transmission inter-générationnelle.

Quant à moi, ce que j’ai essayé de travailler plus précisément dans la question de la transmission, ce fut la notion d’idéal du moi, elle-même fortement liée à celle de narcissisme. Nous verrons comment dans les articles que je posterai plus tard.

Pour un parcours théorique au sujet de la notion de narcissisme, vous pouvez lire également les articles :

Narcissisme et adolescence – première partie

Narcissisme et adolescence – seconde partie

Narcissisme et adolescence – troisième partie

Freud avançait dans Pour introduire le narcissisme que « l’amour parental, si touchant et, au fond, si enfantin, n’est rien d’autre que le narcissisme des parents qui vient de renaître et qui, malgré sa métamorphose en amour d’objet, révèle à ne pas s’y tromper son ancienne nature. »[7] L’enfant peut être mis en lieu et place des rêves et des désirs irréalisés de ses parents. Et c’est avec cela qu’il va devoir se constituer psychiquement. Cette inscription, que l’on peut dire qualifiée de générationnelle, lui impose en quelque sorte un travail psychique  d’appropriation qui va le constituer comme sujet.

Enfin, c’est sur la base de ce narcissisme qu’il peut y avoir des identifications dans les deux sens, à la fois de l’enfant vers ses parents, mais je pense également des parents vers l’enfant. C’est pour cela que l’on parlera de préférence d’intergénérationnel plutôt que de transgénérationnel.

Le choix du prénom et l’idéal du moi

Le choix du prénom et le travail de l’inconscient

Le choix du prénom est donc une étape, un moment incontournable, dans ce que l’on peut appeler « la préhistoire de l’enfant », si l’on choisit par convention la naissance comme point de départ de l’histoire de ce dernier. C’est une étape complexe car s’y expriment , entre autres, des choix conscients, des compromis, entre les parents, mais aussi des logiques sociales. J’ai donc supposé que s’y manifestait également une certaine surdétermination inconsciente.

Au cours d’une partie de ma recherche plus pratique, j’ai pu trouver des parents qui voulaient transmettre explicitement quelque chose, qu’ils avaient eux-mêmes hérité de leur histoire familiale au travers de ce don de prénom et qui choisissaient alors un prénom comme tentative de réalisation de ce souhait de transmission. Mais, j’ai pu voir également d’autres parents qui souhaitaient quant à eux essayer de « faire table rase » de leur passé pour leur enfant. En donnant un prénom apparemment « neuf » et a priori non chargé symboliquement, ils souhaitaient en quelque sorte ne pas entraver la liberté de leur enfant.

Dans ces deux cas, il est aisé d’observer que le choix est donc corrélé à des souhaits explicites du côté des parents, qu’il s’agisse d’un souhait de transmission ou d’un souhait de ne pas « trop » transmettre, il s’agit tout de même d’un souhait, d’un désir en direction de l’enfant.

Mais au-delà de ce que l’on peut appeler avec Jean-Gabriel Offroy[8] l’élaboration secondaire, par analogie avec le rêve, et qui consiste en somme à rendre l’ensemble des raisons du choix du prénom suffisamment rationnel pour être justifiable socialement, j’ai supposé un certain travail de l’inconscient chez les parents.

J’ai donc fait l’hypothèse que l’inconscient a également sa part dans ce désir. Aussi, les raisons invoquées par les parents pour  rendre compte du choix sont certes à prendre en compte, mais pas à prendre pour argent comptant. Elles sont des indices qui doivent mettre sur la piste de ce travail de l’inconscient. Pour tenter d’étudier ce travail de l’inconscient, j’ai donc choisi d’utiliser ce concept freudien d’idéal du moi.

Freud et la question des prénoms

Il faut se rappeler que Freud s’est intéressé à la question des noms propres dans Totem et Tabou. Dans son étude sur les différents tabous, il examine « le tabou des morts » et rapporte qu’il existe l’interdiction de prononcer le nom du mort dans de nombreuses cultures et que cette prohibition a parfois des effets importants comme le changement de nom du défunt ou encore de toute personne dont le nom se rapprochait de trop de celui du défunt. Il rapproche alors ce tabou de noms de comportements chez l’enfant pour qui le nom est une partie essentielle de la personnalité et écrit qu’ « ils ne se contentent jamais d’admettre une simple ressemblance verbale, mais concluent logiquement d’une ressemblance phonétique entre deux mots, à la ressemblance de nature entre les objets que ces mots désignent. Et même l’adulte civilisé, s’il analysait son attitude dans beaucoup de cas, n’aurait pas de peine à constater qu’il n’est pas aussi loin qu’il le croit d’attacher aux noms propres une valeur essentielle et trouver que son nom ne fait qu’un avec sa personne. Rien d’étonnant, dans ces conditions, si la pratique psychanalytique trouve si souvent l’occasion d’insister sur l’importance que la pensée inconsciente attribue aux noms. »[9].

Il n’est pas inintéressant non plus de voir comment il a voulu prénommer ses propres enfants car il ne voulait pas que ses enfants soient nommés au hasard. Dans son ouvrage le plus « intime », lorsqu’il interprète un de ses rêves, il finit par arriver à un fil de pensée qui le mène à l’attribution des noms de ses propres enfants : « Je tenais à ce que leurs noms ne soient pas choisis d’après la mode du jour, mais soient déterminés par la mémoire de personnes chères. Leurs noms font des enfants des ‘revenants’. Et finalement avoir des enfants, n’est-ce pas pour nous tous l’unique accès à l’immortalité ? »[10] Mathilde, Jean-Martin, Olivier, Ernst, Sophie et Anna. Tous ces prénoms lui permettent de faire revivre des personnages connus qu’il a beaucoup estimés. Mathilde est le nom de la femme de Breuer. Sophie est le nom de la nièce du professeur Hammerschlag auprès de qui il s’était initié aux secrets des écritures juives, Anna est également le prénom de la fille de ce même professeur et peut-être aussi de sa soeur, Anna, grâce à qui il a rencontré sa femme Martha. Et Ernst était le prénom du professeur Brücke, Jean-Martin, celui de Charcot, Olivier celui de Cromwell.[11]

Freud lui-même avait été prénommé Schlomo en souvenir de son grand-père paternel, et changera de prénom pour préférer Sigmund. Pour René Major et Chantal Talagrand, « ce qui demeure le plus évident, de la part de Freud, dans l’acte de nomination est son détachement de la figure du père et la désignation selon des critères d’admiration, d’estime ou d’amitié. S’il pouvait persister chez lui une croyance, c’était bien dans la transmission de ces qualités comme celles de figures substitutives de pères librement choisies. »

Ces critères que l’on trouve chez Freud, mais chez beaucoup d’autres parents bien évidemment, nous faisons l’hypothèse qu’ils portent la marque de ce que Freud a désigné comme le narcissisme et l’idéal du Moi comme héritier de ce narcissisme.

Pourquoi l’Idéal du Moi ?

La notion de narcissisme est une notion particulièrement importante dans l’histoire des concepts analytiques. Dans mes recherches autour du narcissisme, ce qui m’a retenu, pour ce travail sur le choix du prénom, c’est l’idéal du moi.

Pourquoi ? Parce qu’il m’a semblé que c’est une notion que Freud relie lui-même à la question de la transmission. L’idéal du moi m’est donc apparu « idéal », si je puis dire, pour traiter d’une question d’abord abstraite, la transmission au sein de l’institution familiale, mais qui ne cesse de se matérialiser dans de multiples situations bien concrètes dès que l’on se penche sur le développement et sur la psychopathologie de l’enfant.

Les concepts psychanalytiques désignent en général des processus, des mouvements, des situations, des objets conceptuels, reconstruits après-coup. Ce narcissisme dont parle Freud par exemple dans Pour introduire le Narcissisme en est un parfait exemple. Le narcissisme secondaire qu’il utilise pour désigner ce qu’il observe dans certains cas de psychoses tend à pointer qu’il n’est que la résurgence d’un moment, d’un stade, qui aurait déjà eu lieu et qu’il nomme le narcissisme primaire.

Or  l’idéal du moi, qui est une notion dont Freud a déjà posé quelques bases dans des textes d’avant 1914, est introduit explicitement dans ce texte princeps sur le narcissisme. Et il me semble qu’elle fait partie de cet ensemble de notions que Freud utilise, dont Freud a besoin pour son élaboration pourrait-on dire, pour faire la jonction entre ses spéculations théoriques, autrement dit ses hypothèses théoriques, et une part d’observable plus directement, donc peut-être des notions plus communes, mais dont il va détourner l’usage et le sens. C’est ainsi que je comprends l’usage de la question des idéaux que Freud a abordée régulièrement dans son œuvre.

Tout comme le narcissisme, loin d’être désexualisé, l’idéal et sa quête, n’est qu’une tentative de retrouver cette unité première, cette satisfaction et cette jouissance première de ce temps où l’enfant était à lui-même son propre idéal, et qui ne comportait donc ni insatisfaction, ni désir, ni perte, et qui continue d’exister en nous comme l’engramme du bonheur parfait et permanent, un paradis perdu.

Concernant l’étude théorique du concept d’idéal du moi

J’ai choisi de me centrer quasi uniquement sur l’étude des textes de Freud.

Trois raisons :

Premièrement, pour le dire de façon abrupte, je pense que la psychanalyse n’est pas une science, et que de ce fait elle reste d’une façon ou d’une autre liée précisément au nom de Freud, et au champ qu’il a dégagé, ce qu’avec Lacan on peut nommer « le champ freudien ». Ce dernier écrivait par exemple : « Si la psychanalyse peut devenir une science, – car elle ne l’est pas encore -, et si elle ne doit pas dégénérer dans sa technique, – et peut-être est-ce déjà fait -, nous devons retrouver le sens de son expérience. Nous ne saurions mieux faire à cette fin que de revenir à l’œuvre de Freud. »[12]

C’est donc la première raison pour laquelle il m’apparait important de repartir des textes fondateurs.

La seconde raison est liée au devenir de ce concept dans l’édifice théorique de Freud et dans l’histoire de la psychanalyse. Chez Freud, cette notion d’idéal du moi va être amenée plus ou moins à disparaître, à partir de 1923, car supplantée, englobée dans celle du surmoi. Et pour cette raison, il m’a semblé que le surmoi était plus utilisé dans la littérature psychanalytique que son prédécesseur, l’idéal du moi. Les ouvrages centrés sur cette notion ne semblent pas nombreux. On peut citer cependant celui de Janine Chasseguet-Smirgel, La maladie d’idéalité, essai psychanalytique sur l’idéal du moi[13] qui apporte un bon éclairage sur la genèse de cette notion dans l’œuvre freudienne.

Enfin, la troisième raison est plus triviale, c’est-à-dire que plus j’avançais dans l’étude de ce concept, plus je m’apercevais que cela demandait du temps pour en saisir la genèse, la nature et les fonctions. Je suis d’accord avec Laplanche et Pontalis lorsqu’ils écrivent que « chez Freud, il est difficile de délimiter un sens univoque du terme ‘idéal du moi’. » Pour eux d’ailleurs, « les variations de ce concept tiennent à ce qu’il est étroitement lié à l’élaboration progressive de la notion de surmoi et plus généralement de la seconde théorie de l’appareil psychique. »[14]

J’ai donc fait le choix de me limiter aux textes freudiens dans le souci d’une meilleure compréhension de l’objet que je souhaitais manipuler. Et je me suis arrêté au texte Le moi et le ça car il devient alors effectivement difficile de distinguer l’idéal du moi du surmoi, tant les fonctions de l’un et de l’autre commencent à s’entremêler.

Notre méthodologie sur le plan théorique est donc finalement assez simple. J’ai choisi le modèle de l’enquête. Je relève les indices qui me permettent de mieux cerner le concept et j’essaie d’en saisir la logique, ce qui me permet alors de m’en servir par rapport au thème de recherche : le choix du prénom d’un enfant.

La notion d’idéal est bien entendu plus ancienne que le texte où il apparaît pour la première fois (Pour introduire le narcissisme), on le verra par exemple dans Le poète et l’activité de fantaisie qui date de 1908, mais pour parler du moi, il faut bien entendu attendre les prémisses de Freud en 1914. C’est la notion de narcissisme qui va l’acheminer vers elle, voire le forcer à la conceptualiser dans Le moi et le ça.

Afin de dégager la logique des éléments et des propositions sur le concept d’idéal du moi que Freud accumule tout au long d’une dizaine d’années, je présenterai l’étude longitudinale des textes qui m’ont semblé les plus significatifs dans la suite des articles qui vont suivre.

En parallèle je présenterai progressivement l’extraction des propositions avec lesquelles je me suis construit une définition de cette notion d’idéal du moi ; définition sur laquelle j’ai bâti une hypothèse de travail quant à ce choix du prénom.


[1] Jacques Lacan , « Note sur l’enfant », in Autres Ecrits, Seuil, 2001.

[2] Françoise Dolto, préface du livre de Maud Mannoni, Le 1er rendez-vous avec le psychanalyste Gallimard, 1998.

[3] Serge Lebovici, Le mandat transgénérationnel, Psychiatrie Française, 1998 ; n°3.

[4] Alain de Mijolla, les visiteurs du Moi, Les Belles Lettres, 2003.

[5] Haydée Faimberg, « le télescopage des générations », in Transmission de la vie psychique entre générations, Dunod, 1993.

[6] Nicolas Abraham, Maria Torok, L’écorce et le noyau, Flammarion, 1987.

[7] Sigmund Freud, « Pour introduire le narcissisme », in Œuvres complètes, tome XII, PUF, 2005, p. 235

[8] Jean-Gabriel Offroy, Le Choix du prénom, Hommes et perspectives, 1993, p. 162

[9] Sigmund Freud, Totem et Tabou, Petite Bibliothèque Payot, 2001, p. 115

[10] Sigmund Freud, L’interprétation des rêves, Œuvres complètes Tome IV, PUF, 2003, p.537-538.

[11] Nous nous sommes basés sur les informations contenues dans la biographie analytique de René Major et Chantal Talagrand, « Freud » p.165-166, et dans « Filiations » de Vladimir Granoff, p.366-367.

[12] Jacques Lacan, « Fonction et champ de la parole et du langage », in Ecrits I, Points Seuil, 1999, p. 265.

[13] Janine Chasseguet-Smirgel, La maladie d’idéalité, essai psychanalytique sur l’idéal du moi, L’Harmattan, 1999.

[14] Laplanche et Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse, PUF, 2002, p. 184

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1 réponse à “Le choix du prénom ou la logique narcissique de l’Idéal du Moi : Introduction”


  1. [...] impose en quelque sorte un travail psychique  d’appropriation qui va le constituer comme sujet (Introduction)“. Il rappelle que Freud lui-même, dans L’interprétation des rêves, a expliqué [...]

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