Narcissisme et adolescence – Suite et fin

narcissisme et masochisme : une impasse de la dialectique Moi Idéal – Idéal du Moi ?

Une phrase de Jacques André dans un dialogue avec Jean Laplanche nous permet d’introduire notre idée : « Ici le plaisir de la douleur cèderait plutôt la place au plaisir du malheur ; quand la moindre menace de bonheur promet un malheur toujours plus grand. »[1]

Le positionnement théorique de Laplanche quant à la distinction instinct/pulsion nous paraît intéressant, car d’une part, il permet peut-être de clarifier certaines ambiguïtés en distinguant clairement sexualité instinctuelle et sexualité pulsionnelle. La première visant, selon Laplanche, le plaisir-décharge, et la seconde, du fait de son origine (la relation à l’autre primordial) et de sa nature non-biologique cette fois, vise le plaisir-tension, donc un certain masochisme, que l’on pourrait considérer comme originaire. D’autre part, la conception de Laplanche a fortement inspiré celle de Gutton quant aux conséquences de l’apparition de la sexualité génitale à l’adolescence, vécue comme une effraction, comme l’irruption d’un corps étranger par l’adolescent[2].

L’adolescent ne va alors cesser d’essayer de se rendre maître de ce « corps étranger ». Devant cette effraction et la contrainte à subjectiver celle-ci, à intégrer le pubertaire que Gutton n’hésite pas à comparer « aux forces du mal »[3], l’adolescent s’efforce de « repérer l’ennemi pour s’en défendre »[4]. Mais il peut se prendre également littéralement pour ce mal.

Nous pensons par exemple que le cinéma fantastique et d’horreur peut nous aider à approcher certaines des angoisses liées à ces « forces du mal ». Le film Morse nous a semblé être un bon exemple.

Les défenses narcissiques dont nous avons parlé peuvent ainsi être liées d’une certaine manière à des conduites masochistes.

Derrière la recherche du malheur, il y a presque toujours selon Laplanche la recherche de la douleur, voire celle d’un persécuteur. « Il est rare que dans le malheur il n’y ait pas une complaisance à la douleur. »[5] Et la cure doit essayer de mettre au jour la répétition dans ces conduites qui visent à rechercher cette douleur. Cette répétition, cette recherche de l’immobilité, est une forte résistance au changement, qui peut être assurément articulée au narcissisme, et aux défenses narcissiques mises en place par certains adolescents.

Car c’est la dimension de la mise en échec, l’opposition à tout changement, voire au désir (une notion qui ne peut qu’impliquer certains changements) qui nous semble à l’œuvre chez certains adolescents, dans leur conduite de jeu compulsive aux jeux vidéo par exemple.

Comment rejoindre la question du dispositif narcissique et celle de la castration au travers de cette notion de conduite masochiste ?

Une façon d’essayer de contrôler l’angoisse de castration peut être d’adopter une conduite masochique, qui deviendrait alors protection : « Je me l’applique moi-même, au moins je suis sûr du résultat, je maîtrise ce que je peux endurer. ».

Si le mouvement « normal » d’introjection du Moi Idéal et de l’Idéal du Moi, où le premier passe sous le contrôle du second se déroule classiquement sous l’effet de la peur de perdre l’amour de l’objet, pour finalement aboutir à la mise en place de la castration, devant l’intensité de voir entamer ce Moi Idéal, de perdre l’admiration des autres (et en premier lieu, celle des parents de son enfance) il peut être difficile pour certains adolescents d’aborder le registre de la castration avec l’assurance qu’ils en ressortissent vivants.

Mieux vaut alors reculer, reprendre le contrôle de la situation, en érotisant des conduites de mise en échec, qui ne visent alors qu’à maintenir l’intégrité de la personne.

Car pour s’élancer, construire et entreprendre quelque projet, il faut accepter l’éventualité de l’échec. Dans les jeux vidéo par exemple, on peut perdre certes (et la sauvegarde existe), mais on en ressort toujours intègre, et on peut recommencer encore et encore, jusqu’à la victoire.

« A défaut d’être grands dans la réussite, ces patients seront grands dans l’échec »[6], écrit Jeammet. Ces conduite visant l’échec permettraient ainsi d’alimenter l’omnipotence infantile que ces jeunes ont du mal à abandonner.

Pour conclure sur le narcissisme et l’adolescence

Nous avons vu combien l’adolescence peut être considérée comme une sorte d’observatoire des remaniements narcissiques et plus précisément du dispositif de régulation du narcissisme qui est en jeu, et qui fonctionne à partir de multiples instances psychiques. Cette période de la vie peut d’ailleurs révéler la précarité de cette régulation, et nous permettre de saisir en négatif combien ce narcissisme se trouve en réalité un jeu complexe de relations en équilibre.

Nous allons ici essayer de revenir de manière schématique sur la conception du processus adolescent au regard du narcissisme. Et nous allons donc résumer nos vues sur ce que l’on peut appeler « les remaniements narcissiques à l’adolescence », au travers d’une réflexion sur la libido du moi et la libido d’objet et le conflit qui peut surgir entre les deux à l’adolescence.

Cela doit s’accompagner de quelques mots sur la manière dont on se représente la constitution du Moi, et donc peut-être aboutir à une réflexion sur ce que pourrait être une relation d’objet narcissique. Est-ce une relation d’objet constitutive du Moi, permettant ou alimentant la mise en place de cet objet libidinal qu’est finalement le Moi, ou est-ce une relation d’objet avant tout mais sur un mode particulier, c’est à dire, le choix d’objet narcissique que Freud décrit dans « Pour introduire le narcissisme ».

Cette réflexion peut servir il nous semble pour aborder la question des jeux vidéo.

Cette question de la constitution du Moi chez Freud, prise sous un angle développemental n’est pas aisée. Peut-être est-elle même une impasse dans la théorie psychanalytique. Néanmoins, elle nous est apparue provisoirement nécessaire, afin de clarifier ce que l’on pouvait comprendre par « remaniements narcissiques à l’adolescence ».

Si l’on conçoit l’édifice théorique psychanalytique de manière dynamique et en équilibre, l’utilisation de telle ou telle notion dépend de celle de telle ou telle autre notion.

Aussi, lorsqu’on parle de « remaniements narcissiques à l’adolescence », il n’est pas aisé de saisir exactement ce que l’on veut dire. Du point de vue phénoménologique, il est clair que l’adolescent est dans une certaine quête sur le plan de son identité. Celle-ci semble instable, l’appartenance à tel ou tel sexe semble même parfois non assurée, ou du moins en question pour l’adolescent.

Aussi, nous allons essayer de clarifier quelque peu cette étape, en présentant ce que nous comprenons finalement nous-mêmes par remaniements narcissiques.

Comme nous l’avons déjà présenté, il existe plusieurs formulations théoriques pour désigner des fonctionnements psychiques qui écartent une confrontation avec les objets qui peuvent être déstructurants pour le sujet.

Dans une perspective génétique, la question du développement d’un individu peut être prise selon celle de l’intériorisation d’un certain nombre de fonctions (fonction maternelle chez Bion, fonction paternelle chez Lacan, etc …). Ces intériorisations désignent les processus par lesquels certaines relations entre un individu et son environnement (au sens large de Winnicott) transitent de la scène extérieure à celle de la réalité interne psychique de ce même individu. Au sein de ce processus d’intériorisation, auront lieu des identifications qui finiront par jouer pour ce sujet, un certain nombre de repères identificateurs (sur le plan de la sexuation et de la différence des générations par exemple).

Comme nous l’avons déjà souligné, l’arrivée du pubertaire entraîne un changement au niveau de la valeur du statut du corps. Ce corps est à présent à l’égal de celui des parents, et possèdent les mêmes potentialités. L’adolescent ne peut plus se retrancher derrière l’impuissance du corps de l’enfant afin de maintenir à l’état de fantasmes certains désirs organisateurs de sa psyché.

La maturation génitale, et sa contrainte à s’autonomiser, pour reprendre l’expression de Jeammet, autrement dit la contrainte à se séparer, ou mieux, à remettre au travail les relations avec les objets parentaux internes, qui jusque là servaient de garants pour le narcissisme et sa régulation vont avoir certaines conséquences importantes sur l’équilibre entre cette libido narcissique et objectale. La question est alors comment penser cet antagonisme exacerbé entre la quête objectale et les assises narcissiques.

Il est nécessaire pour l’adolescent de désexualiser à tout prix tout ce qui touche aux anciennes relations objectales primaires constitutives de ces assises narcissiques. C’est ce que Kestemberg nomme « le rejet des imagos parentales » dans son article de 1962.

Pour le dire avec Laplanche, la sexualité génitale instinctuelle va trouver la sexualité pulsionnelle infantile occupant déjà la place[7]. L’infantile offre des chemins tout tracés quant à la recherche de satisfaction, que va viser la sexualité dite génitale. Mais ces chemins apparaissent comme particulièrement dangereux pour le sujet. L’Œdipe infantile est soumis à une intense surchauffe, et se trouve en voie de transformation vers un Œdipe pubertaire.

Dans ce processus où l’adolescent est finalement contraint à réécrire son histoire, à réinterpréter celle-ci avec son nouveau statut, celui d’un corps devenu adulte, qui donne ainsi un nouveau statut à la réalité même, cet adolescent doit se recréer de nouveaux fantasmes en refoulant certains éléments des anciens et en en transformant d’autres. Ces éléments seraient liés aux premiers objets d’amour parentaux qui structurent son dispositif narcissique.

D’un côté, les rivages de la sexualité infantile, des premiers objets d’amour, de l’auto-érotisme, comme autant de soutiens et de garants quant au narcissisme (Moi et Idéal du Moi au sens de Freud), de l’autre, les idéaux des adultes, l’abandon de la sexualité infantile au profit d’une sexualité génitale pulsionnelle, qui va être le produit du mélange ou de l’intégration de la poussée instinctuelle et de la sexualité pulsionnelle infantile. Le sujet adolescent, dans la barque, poussée par le courant de l’autonomisation qui n’est autre que l’angoisse de se retrouver aux prises avec les figures parentales devenues hautement menaçantes. C’est un mouvement d’aller-retour entre les deux rives que l’on pourrait appeler subjectivation.

Mais la question semble demeurer : pourquoi cet antagonisme entre le fonctionnement narcissique et la relation d’objet ?

Nous avons vu que dans « Pour introduire le narcissisme », Freud avait posé l’idée centrale du Moi comme objet sexuel. Mais il faut se rappeler les développements ultérieurs que vont lui imposer finalement cette nouvelle question, à savoir comment ce Moi-objet s’est constitué au fond, ce que Mélanie Klein finalement poursuivra. Cela nous aidera à mieux saisir les enjeux qui se jouent à ce niveau à l’adolescence.

C’est au travers de la période de 1900 à 1915 que la notion de Moi chez Freud va subir les plus grandes inflexions. Et ce sont trois axes qui vont donner la direction : la notion de narcissisme bien entendu, la notion d’identification qui va devenir constitutive du Moi avec le paradigme de l’identification mélancolique, et enfin la mise en avant des instances idéales qui seront les substituts du narcissisme (L’Idéal du Moi et le Surmoi)

Le problème de la genèse du Moi est bien trop complexe pour en venir à bout ici. Ce n’est pas notre objet. Mais, nous voulions souligner que cet objet Moi ne va évidemment pas de soi, et que nous avions besoin de récapituler les grandes étapes de sa conception de cette manière. D’une part, il y a, avec Freud, puis évidemment Lacan, une « nouvelle action psychique » qui va poser les bases du futur Moi, c’est à dire constituer une première forme qui rassemble et unit. Puis, ce Moi, qui n’est autre que ce Moi-plaisir premier dont Freud parle dans « Pulsions et destins des pulsions »[8] ne va cesser de s’enrichir des relations qu’il instaure avec certains objets qui vont, soit lui apporter satisfaction, soit lui apporter du déplaisir et de la frustration.

Sur la base des premiers échanges, nous pourrons alors parler ensuite des identifications narcissiques suivant le mécanisme mis au jour par Freud dans « Deuil et Mélancolie »[9]. Le Moi va se constituer par sédimentations[10] des relations qu’il a eus avec certains objets. C’est ce que l’on va appeler l’introjection, ce qui signifie transformation et élargissement du Moi. Ferenczi[11], puis dans sa lignée, Abraham et Törok[12] vont retravailler ce concept d’introjection, et le redéfinir par rapport à un autre, l’incorporation. L’adolescent est alors finalement sommé d’introjecter les relations avec ses objets primaires afin de pouvoir s’en défaire d’une façon acceptable et susceptible de lui laisser suffisamment de liberté pour se créer de nouvelles relations.

Ainsi, en reprenant l’argument de Jeammet dans son article sur les identifications à l’adolescence[13], pour que ce fonctionnement puisse avoir lieu, il faut qu’ait été posées les bases d’un monde interne via les relations précoces, les premiers échanges entre l’enfant et son environnement. Jeammet prend ainsi le modèle winnicottien de l’aire transitionnelle où la non-différenciation Moi/Non-Moi, Sujet-Objet, peut avoir lieu, autrement dit, le modèle d’une période où l’objet fut présent sans empiéter sur les besoins du l’enfant.

Et c’est à ce niveau, que peuvent se situer les éventuels problèmes qui resurgiront au cours de l’adolescence.

Si au cours de ces premiers échanges, l’objet a pu être perçu comme trop ou pas assez présent, de sorte que les relations où les assises du Moi sont censées se constituer avec des objets non-perçus comme distincts du Moi n’ont pu se mettre en place, alors il se peut qu’à l’adolescence où vont être revisitées ces premières relations, certains problèmes surgissent. L’objet aura pu être perçu comme soit en défaut, soit trop présent, dans tous les cas, il aura été perçu comme trop distinct, et le Moi se sera vécu comme trop dépendant de l’objet. Ce serait cette dépendance fondamentale, qui s’inscrirait dans le fonctionnement du sujet au cours de cette étape, qui risquerait de resurgir à l’adolescence, et face à laquelle le sujet adolescent va mettre en place un système défensif afin de s’en prémunir.

Puis c’est la remise en jeu des relations objectales primaires qui servaient de socle identificatoire à l’enfant qui a lieu durant l’adolescence.

Ici, on peut reprendre l’image du mouvement de balancier entre le Moi Idéal et l’Idéal du Moi qui nous a bien servi, ainsi que la métaphore de notre barque entre les rivages de la sexualité infantile et ceux de la sexualité génitale.

Avec du côté du Moi Idéal, les relations objectales maternelles où l’omnipotence a pu être vécue de façon nécessaire, mais transitoire, et du coté de l’Idéal du Moi, la fonction paternelle, les énoncés imposant une place symbolique à l’enfant lui permettant à la fois de se déplacer vis à vis de la captation incestueuse du Moi Idéal, mais également de se procurer d’autres objets qui, idéalisés, fourniront promesse de satisfaction sous contrainte de se conformer à certaines attentes.

Mais selon Jeammet, s’il y a eu problème et inscription de cette dépendance, de cette perception que l’objet était trop massivement nécessaire au Moi, la relation avec tout nouvel objet est au final dangereuse au moment où le sujet a besoin d’établir d’autres relations, avec d’autres objets, pour se construire et transformer ses repères identificatoires. Cette voie objectale lui reste donc fermée car synonyme de dangers. La possibilité d’aller à la rencontre d’autres objets apparaît comme trop angoissante.

Ainsi, nous concevons une sorte de noyau dur du Moi, cette première forme qui rassemble et unit dans la captation à une image, étape que décrit Lacan à la suite de Freud. Puis les identifications secondaires qui s’ajoutent et finissent par engendrer une sorte de système moïque que nous pourrions nommer dispositif narcissico-moïque. Ce dispositif permet de se représenter les objets et les relations à ces derniers qui ont été intériorisés (peut-être d’ailleurs incorporés plutôt qu’introjectés). Une fois la puberté advenue, les liens à ces objets qui font partie désormais du dispositif narcissico-moïque subissent des changements de l’ordre d’une sexualisation qui va devoir être canalisée en quelque sorte. En effet, comme on l’a déjà répété, la sexualité génitale instinctuelle suit les frayages que la sexualité infantile a déjà tracés auparavant, à la différence que le statut du corps et les possibilités de réalisation changent la donne pour l’adolescence. C’est pourquoi les relations aux objets intériorisées, à la base du dispositif dispositif narcissico-moïque, prennent une autre valeur pour l’adolescent. C’est peut-être la contrainte à traduire chère à Laplanche que nous tentons de décrire là, sous une autre forme, c’est également la revisitation de l’Œdipe infantile.

Le rapproché avec le parent qui était synonyme de tendresse et de réconfort, devient synonyme de possible mise en acte de rapport sexuel incestueux et met ainsi en péril, ou en crise, le dispositif narcissico-moïque.

En conclusion, l’adolescent serait par définition un sujet en crise avec son moi, contraint qu’il serait de revisiter ses relations antérieures au prisme des potentialités qu’offrent sa nouvelle sexualité, plutôt bien embarrassante au premier abord. Avec Lacan et sa conception d’un Sujet posé comme radicalement autre que le Moi, on pourrait alors soutenir que l’adolescent, aux prises avec ses identifications secondaires (c’est à dire ses premiers liens avec ses premiers objets) à remettre en jeu, serait donc peut-être d’autant plus susceptible de nous en apprendre sur le décentrement du Sujet par rapport à son Moi. Etant donné que l’adolescent ne peut plus se reconnaître dans ce qu’il avait construit durant son enfance, il prend bien conscience que ce qu’il pensait comme stable, ne l’était pas, et que le plus intime de son être, peut devenir dangereux pour lui-même.


[1] Jacques André, « Masochisme et sexualité, entretien avec Jean Laplanche », in L’énigme du masochisme, PUF, 2000, p.28.

[2] Gutton s’inspire largement de Jean Laplanche quant à la sexualité infantile. Par exemple, Laplanche dans « Pulsions et instincts », in Adolescence, 18, s’attache à montrer les différences entre ces deux notions qui, en psychanalyse, ont tendance à brouiller les cartes. Si l’instinct d’auto-conservation existe chez l’homme, comme chez les mammifères chez qui il est particulièrement bien mis en évidence, les phénomènes qui peuvent s’y rattacher sont bien vite recouverts par ce qu’il y a de plus spécifiquement humain à savoir, pour Laplanche, la séduction et la réciprocité narcissique. Le sexuel pulsionnel (infantile), occupe bien pour la psychanalyse la place décisive dans les phénomènes humains. Il est, pour Laplanche, d’origine intersubjective, comme implanté au cours des relations de soins donnés par un adulte sur un enfant. Cet adulte possède un inconscient façonné de sexualité infantile. Le troisième temps de la sexualité, à savoir pour Laplanche, le développement de l’instinct sexuel, c’est à dire l’instinct pubertaire et adulte, la mise en place du génital à la puberté, se heurte donc à cet obstacle qui est le fait qu’il trouve le fauteuil déjà occupé par la pulsion infantile.

[3] Philippe Gutton, « Du mal en adolescence », Revue Topique, 2005 : « Le mal serait le génital faisant irruption dans l’organisation de la névrose infantile risquant de mettre en échec les théories phalliques infantiles. Le mal serait une force de changement ‘trop pulsionnelle’. »

[4] Ibid., p 113.

[5] Jacques André, « Masochisme et sexualité, entretien avec Jean Laplanche », in L’énigme du masochisme, PUF, 2000, p.28.

[6] Phlippe Jeammet, « L’énigme du masochisme », in L’énigme du masochisme, PUF, 2000, p.43.

[7] Rappelons la fameuse phrase de Laplanche : « Chez l’homme, le sexuel, d’origine intersubjective donc, le pulsionnel, le sexuel acquis vient, chose tout à fait étrange avant l’inné. La pulsion vient avant l’instinct, le fantasme vient avant la fonction ; et quand l’instinct sexuel arrive le fauteuil est déjà occupé. » Jean Laplanche, « Pulsions et instincts », in Adolescence, 18, 149-168.

[8] Sigmund Freud, « Pulsions et destins des pulsions », in Œuvres complètes, tome XIII, PUF, 1988.

[9] Sigmund Freud, « Deuil et mélancolie », in Œuvres complètes, tome XIII, PUF, 1988. Rappelons juste que l’identification narcissique est le mécanisme par lequel le Moi finit par se parer des qualités de l’objet perdu, le Moi se transforme à cause de la perte de son objet.

[10] Sigmund Freud, « Le moi et le ça », in Essais de psychanalyse, Petite Bibliothèque Payot, 2001. Freud y utilise l’identification narcissique mise au jour dans « Deuil et Mélancolie ». Ce mécanisme lui permet alors de décrire la genèse de ce qu’il appelle le caractère du moi. Il écrit que ce processus (autrement dit l’identification à l’objet aimé, perdu ou pas, qui permet de maintenir l’investissement de cet objet via cette identification) est fréquent, « ce qui permet de concevoir que le caractère du moi résulte de la sédimentation des investissements d’objet abandonnés, qu’il contient l’histoire de ces choix d’objet. »

[11] Dans les deux articles suivants : Sandor Ferenczi, « Transfert et introjection » et « Le concept d’introjection »,in Œuvres complètes, tome I, 1908-1912, 1968, Payot.

[12] Nicolas Abraham et Maria Törok, L’écorce et le noyau, Flammarion, 1999.

[13] Philippe Jeammet, « Les enjeux des identifications à l’adolescence », in Psychothérapie de l’enfant et de l’adolescent, sous la direction de Claudine Geissmann et Didier Houzel, Bayard, 2003.

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