Le choix du prénom ou la logique narcissique de l’Idéal du Moi : dernière partie
Synthèse des propositions et élaboration de l’hypothèse
Nous allons à présent nous rappeler les propositions que nous avons dégagées au cours des quelques études de textes de Freud que nous avons effectuées dans le deux premières parties, afin de nous donner une définition de l’Idéal du Moi.
Celle-ci nous permettra de construire une hypothèse concernant la détermination inconsciente du choix du prénom, précisément au regard de la logique de l’Idéal du Moi.
Au travers de notre étude sur le narcissisme
Avec « le poète et l’activité de fantaisie » :
Nous supposons avec Freud que le renoncement à une satisfaction éprouvée une fois est une chose difficile pour l’être humain. Aussi, cette satisfaction dont a bénéficié l’enfant dans cet état mythique que Freud a qualifié de narcissisme, ne va, en pratique, jamais être complètement abandonnée. Elle va donc être recherchée, et être supposée atteignable par d’autres voies, celle des idéaux et des activités qui vont tendre vers ces idéaux.
Nous avons retenu également que le choix d’un prénom relève de l’activité de fantaisie, de fantasmer et que cette activité, chez l’adulte, a des rapports étroits avec la honte.
Avec « Totem et Tabou » :
Nous avons vu que Freud montre au travers de la magie que la logique narcissique ne disparaît jamais complètement. Elle est d’ailleurs plus ou moins analogue, dans les cultures, à celle de l’animisme. En effet, elles accordent toutes deux une toute-puissance aux désirs humains. L’analogie entre l’animisme et le narcissisme montre ainsi que persiste, à peu près chez tout le monde, une croyance dans le fait que la réalité extérieure est censée se conformer aux souhaits, aux désirs des hommes, quel que soit leur degré de maturité et leur capacité de renoncement devant ce qu’impose la réalité.
Nous pensons que cette logique narcissique, ce narcissisme intellectuel, peut être à l’œuvre dans le choix des parents par rapport aux effets supposés de tel ou tel prénom sur l’enfant ou sa destinée.
Avec « Pour introduire le narcissisme » :
Si le narcissisme de la mère et du père, qui ne sont donc jamais complètement dépassés, sont sensibles, comme le fait remarquer Freud, au travers de l’attitude des parents envers leur enfant, l’Idéal du Moi de ces mêmes parents rentre en jeu également.
En effet, ces parents sont des adultes dont le moi a subi un développement qui a abouti à l’émergence de cette instance qu’est l’Idéal du Moi.
Cette instance et ses fonctions ne sont certes pas encore complètement décrites par Freud en 1914. Et il faudra attendre presque dix ans pour que cela soit le cas.
A partir de l’étude de ce texte, ce que nous relevons, c’est tout d’abord la nature narcissique de l’investissement que peuvent porter les parents à la représentation de l’enfant qui se forme durant la grossesse et qui permet la construction de ce que l’on nomme l’enfant imaginaire.
Le choix du prénom est donc influencé à la fois par les remaniements narcissiques qui peuvent avoir lieu durant le temps de la grossesse, chez la mère et le père, mais également par l’Idéal du Moi qui vient également jouer là son rôle de modèle et de référence.
Au travers de notre étude sur l’Idéal du Moi
Avec « Pour introduire le narcissisme »
La renonciation totale à une satisfaction auparavant éprouvée étant posée par Freud comme impossible, la satisfaction narcissique sera dorénavant dévolue à la nouvelle notion d’Idéal du Moi. Ainsi on a d’un côté l’Idéal du Moi à atteindre, et de l’autre la conscience morale. Cet idéal est posé par Freud comme ayant été imposé de l’extérieur. Et la conscience morale est érigée quant à elle comme gardien qui observe et mesure l’écart entre le moi et son idéal ; cette mesure conditionnant le refoulement. La satisfaction proviendra désormais de la réalisation, de l’atteinte de cet idéal via les agissements du moi, mais elle sera toujours d’ordre narcissique.
Enfin retenons que déjà cette distinction entre Idéal du Moi et conscience morale, ou conscience critique, s’efface de temps à autre devant l’idée d’un Idéal du Moi qui contiendrait les deux fonctions.
Nous supposons que pour que ce développement du moi puisse avoir lieu, il y a une sorte de convergence entre le fait que l’enfant se donne comme souhait, comme premier idéal, de devenir grand, le fait que ses premiers objets idéalisés (les adultes qui s’occupent de lui) vont également s’imposer à lui et éveiller, comme l’écrit Freud, son jugement. Un premier écart se creuse ainsi entre le Moi et son idéal. La satisfaction narcissique (celle de pouvoir se prendre soi-même comme son propre idéal) est ainsi déplacée vers ces premiers idéaux (le père, les parents, les grand-parents, qui cèderont la place ensuite aux différents éducateurs de l’enfant).
Avec « Psychologie des masses et analyse du moi »
Nous avons essayé de décrire la relation entre l’enfant et ses parents, dans les deux perspectives l’enfant par rapport à ses parents mais également des parents par rapport à l’enfant. Pour cela, nous avons essayé de dégager de ce texte ce que Freud a décrit des liens qui unissent le Moi, l’objet aimé et l’Idéal du Moi.
Freud s’était forgé un précieux outil avec l’identification du moi à l’objet perdu et un modèle pour le développement du Moi avec cette notion d’Idéal du Moi. Il lui restait en quelque sorte à articuler les deux. C’est ce qu’il fait dans ce texte.
L’angoisse sociale, c’est-à-dire la crainte de perdre l’amour des parents ou des compagnons, bref de ses semblables, devient le moteur de l’accomplissement de l’activité qui mène aux idéaux. Autrement dit, c’est le rôle des pairs qui viendront désormais juger, évaluer le Moi de l’individu, que décrit Freud. L’amour des semblables (l’amour qui a donc un lien originaire très fort avec le narcissisme) et son éventuelle disparition viennent en quelque sorte sanctionner les écarts du Moi individuel par rapport à un idéal, qui peut d’ailleurs devenir commun.
C’est pourquoi de nombreux auteurs distinguent la honte de la culpabilité. Cette dernière est souvent rattachée à l’apparition du Surmoi. La transgression des règles édictées par le Surmoi est accompagnée de culpabilité. Tandis que la honte viendrait plutôt sanctionner l’échec à atteindre l’idéal. Serge Tisseron par exemple note que la honte désocialise tandis que la culpabilité socialise.[1] « La honte est un sentiment terrible parce que celui qui l’éprouve craint d’être définitivement exclu du groupe dont il fait partie. Il peut s’agir du groupe familial, mais aussi de toutes les familles de substitution, […], de l’humanité entière. »
Nous avons également vu que Freud s’attaque une nouvelle fois à ce processus d’idéalisation dont le but est clairement exprimé : satisfaire le narcissisme.
Nous avons affiné notre description de la genèse de l’Idéal du Moi en nous arrêtant sur le processus d’idéalisation décrit par Freud. Ce processus qui permet de continuer à assurer la satisfaction narcissique de l’enfant en exaltant ses premiers objets et qui va donc concerner tout d’abord les parents de l’enfant. Les parents seront pourvus des possibilités et des perfections que le moi ne se sentira pas avoir et à l’aide de l’identification, ces premiers idéaux constitueront la base de l’idéal du moi.
Puis nous avons repris notre interrogation concernant l’articulation du narcissisme et de l’Idéal du Moi côté parents durant la grossesse.
Nous avons repéré les liens qui unissent le Moi et son Idéal. : là où le Moi échoue à faire face devant la réalité, l’idéal du Moi peut réussir, et l’individu peut ainsi se satisfaire quand même. Il déplace les exigences de la réalité au sein de son Idéal. C’est pourquoi Freud peut également donner une définition de son concept : « l’idéal du moi englobe la somme de toutes les limitations auxquelles le moi doit se soumettre ».
On a noté également que la description intra-psychique des relations entre les deux instances, Moi et Idéal du Moi, pouvait être rapprochée des relations parent-enfant.
Mais il a fallu pour cela nous attarder sur la façon dont Freud a décrit le processus d’idéalisation.
Nous avons effectivement vu que l’idéal du Moi permettait d’effectuer une sorte de tour de force. En effet, nous avons essayé d’articuler la fameuse formule de Freud, l’objet s’est mis à la place de l’Idéal du Moi, avec le fait qu’en tant qu’instance héritière du narcissisme, là où le Moi échouait à faire face à la réalité et à ses exigences, l’idéal du Moi pouvait réussir, et ainsi permettre à l’individu déçu ou blessé de se satisfaire quand même. Et il nous a semblé que c’était là une description intéressante des rapports amoureux qui peuvent s’instaurer entre des parents et leur enfant, dans le sens d’une identification du parent vers son enfant. Là où le parent pouvait avoir subi quelque échec dans sa vie, il pouvait se réjouir que son enfant réussisse.
Cette description de l’idéalisation permet d’ajouter au concept d’Idéal du Moi une fonction sociale, de rassembler les individus sur la base d’un objet. Et nous avons vu qu’une crainte motiverait ainsi les Moi individuels à s’identifier à un idéal du Moi collectif afin de ne pas perdre l’amour des semblables, et ainsi se sentir faire partie d’une communauté quelconque. L’idéal du Moi possède donc une fonction de surveillance, et ce qui en découle est cette crainte de perdre l’amour d’autrui (originellement des parents). Cela forme le moteur des activités qui tendent vers les idéaux.
Pour finir, et cela fait également suite à ce que nous avons déjà dit sur les relations entre le Moi et son Idéal, nous retiendrons les moments de triomphe qui sont suscités par la coïncidence entre les deux instances et qui sont donc d’ordre narcissique.
Nous avons imaginé que la venue d’un enfant ou le fait de devenir parent pouvait peut être engendrer ce type de situation, ou encore lorsque l’enfant était situé dans une famille comme objet capable devenir un Idéal du Moi collectif à cette famille.
Comment pourrions-nous maintenant nous donner une définition de l’Idéal du Moi qui nous paraisse satisfaisante au regard de tout cela.
Une définition de l’Idéal du Moi
L’Idéal du Moi est une instance qui s’est détachée du Moi à la suite des critiques parentales à l’endroit de l’enfant et qui va permettre à l’enfant de quitter cette position d’où il était en mesure de se prendre lui-même comme idéal. Rappelons que de ce fait, la formation d’idéal est une sorte de défense contre la position perverse. On imagine donc que cette critique, qui deviendra la conscience morale, est première et que, en creusant un écart, elle va laisser la place à un premier objet qui va pouvoir être aimé et idéalisé.
L’Idéal du Moi s’est alors constitué à la fois d’objets idéalisés appartenant à l’histoire personnelle de l’individu et d’objets que l’on appellera collectifs, auxquels le Moi s’était identifié. Le processus qui va ainsi permettre le développement de cette instance est double. Il s’agit d’une part de l’idéalisation où l’objet aimé est exalté, traité comme le Moi propre du sujet et exempt de toute critique, et d’autre part de l’identification qui permet quant à elle d’opérer des transformations de cette partie du Moi sur la base de ces objets idéalisés. Notons que c’est grâce à l’idéalisation que la satisfaction narcissique est maintenue.
L’Idéal du Moi permet donc de maintenir cette satisfaction narcissique en direction du Moi de l’individu qui est lui-même soumis à des exigences de la réalité auxquelles il ne peut répondre. Ces exigences sont prises en charge par cette partie du Moi qu’est l’Idéal du Moi.
Le processus d’idéalisation suit ainsi ce que l’on a appelé la logique narcissique qui a la particularité de n’être que de l’ordre des représentations psychiques. Cette logique vient donc s’opposer à celle qui appartiendrait à une réalité extérieure, allant jusqu’à s’imposer devant cette dernière, et permettre la croyance dans le fait que la réalité extérieure est censée se conformer aux désirs des hommes, quel que soit leur capacité de renoncement devant ce qu’impose la réalité.
La contrepartie de la prise en charge par l’Idéal du Moi des renoncements du Moi est que cette formation composite idéale devient un modèle, et soumet en retour le Moi actuel de l’individu à l’obligation de poursuivre des activités qui lui permettent de se rapprocher des objets idéalisés qui constituent la base de cet Idéal du Moi, sous peine de subir la crainte de perdre l’amour des parents, des éducateurs, bref de la cohorte des semblables.
Cette relation entre le Moi et l’Idéal du Moi sert par ailleurs à appréhender les situations les plus diverses, par exemple celles où un objet est aimé (ou investit narcissiquement par le Moi), ou encore celles où l’individu entretient des relations dans une communauté. Dans ces situations où le processus que l’on a nommé idéalisation sera mis en œuvre, l’objet idéalisé est alors mis à la place de l’Idéal du Moi de l’individu ce qui permet, entre autres, au Moi d’être à l’abri, au moins pendant un temps, des attentes et de la critique de son Idéal du Moi, et de recevoir en somme la satisfaction narcissique recherchée.
Analyse de textes autour de la question du choix du prénom
Nous avons donc pu constater que Freud s’était intéressé à la question du nom propre dans Totem et Tabou. Arrêtons-nous sur un de ses disciples les plus éminents, Karl Abraham, qui a également écrit quelques observations à peu près à la même époque, mais sur le prénom cette fois.
Puis nous discuterons d’un ouvrage et d’un article du même auteur, Jean-Gabriel Offroy, qui nous semblent être représentatifs de ce que l’on peut trouver sur le sujet.
La force déterminante du nom, de Karl Abraham[2]
Karl Abraham a écrit une petite contribution sur les effets psychiques du nom et du prénom en 1912. « On observe fréquemment qu’un garçon portant le même prénom qu’un homme célèbre, s’efforce de l’imiter ou lui porte un intérêt particulier »[3]. Abraham s’intéresse donc plus particulièrement pourrait-on dire au signifié du prénom, à son sens. Il est vrai que le sens d’un prénom, comme nous avons pu le voir avec l’exemple du roman Racines, n’a plus du tout la même importance aujourd’hui, dans nos sociétés occidentales.
Mais plus largement, de ce point de vue, il nous semble que les quelques observations qu’Abraham livre dans ce court texte s’inscrivent dans ce que l’on a nommé avec Freud le narcissisme intellectuel, cette logique qui accorde une toute-puissance aux représentations, jusqu’à effectivement parfois modeler la réalité selon celles-ci. N’est-ce pas ce que l’on nomme un acte magique ?
Le choix du prénom, de Jean-Gabriel Offroy[4]
Le psychosociologue Jean-Gabriel Offroy a écrit un livre qui traite du thème de notre recherche, mais il l’aborde dans une perspective beaucoup plus large. A la fin de son ouvrage, il examine les déterminations psychologiques, et il va le faire armé de concepts psychanalytiques. Il aborde donc le sujet du choix du prénom au travers de multiples déterminations qui se situent tout d’abord sur un plan sociologique. En effet, si nous supposons des déterminations inconscientes quant au choix du prénom d’un enfant, il en existe évidemment bien d’autres.
Offroy va développer le concept de « projet familial et social ». « Les prénoms ont longtemps indiqué le statut social »[5] et une famille est un groupe qui a ses intérêts propres en tant qu’elle est insérée dans une société, c’est-à-dire un groupe social qui la dépasse.
L’institution familiale cherche ainsi à la fois à s’intégrer à ce groupe social, et à s’en différencier en affirmant son unicité. Il est donc question ici de transmission, d’héritage du capital culturel et économique qui permet à la famille de durer dans le temps. Le prénom peut donc être utilisé pour désigner un héritier et va être révélateur de ce projet familial.
Offroy cite par exemple l’utilisation du « Junior » aux Etats-Unis dans certaines « grandes familles » telles que les Kennedy ou encore les Bush. Ainsi, si sur le plan collectif, le prénom peut venir nous renseigner sur la volonté du groupe familial de se perpétuer, sur le plan des individus, il peut être de même, quoique suivant des logiques différentes. N’est-ce pas, entre autres, ce que l’on a vu avec Freud dans son introduction du narcissisme ?
Ce projet familial tend par ailleurs de plus en plus à s’estomper au profit d’un autre type de projet qui concerne cette fois plus précisément le couple. Et c’est là où Offroy nous intéresse un peu plus. Il étudie ce qu’il appelle « le projet parental » qui intègre selon lui « l’histoire personnelle de chacun des parents, ses désirs et ses fantasmes, conscients et inconscients. »[6]
Puis il va décrire une sorte de processus « normal » en trois phases qui, selon lui, devraient permettre l’élaboration du désir inconscient au travers de sa confrontation à la réalité. Toujours selon lui, ce désir doit « se clarifier » et aboutir au projet paternel ou maternel, qui, seul, permettrait aux parents de sortir d’une confusion fantasmatique originelle qu’il suppose.
La première phase qu’il nomme « le prénom narcissique », « la filiation narcissique », correspond donc à l’expression du narcissisme parental où le prénom ne renverrait uniquement qu’au parent qui le choisit. « Il n’y a pas de projet explicite pour l’enfant, simple appendice du désir parental. »[7]
On peut sentir d’une part chez lui une certaine idéalisation du désir d’enfant, de l’enfant désiré, programmé, qui serait le seul vrai « bon départ » dans la vie pour un enfant. D’autre part il me semble qu’il y a parfois une confusion chez lui entre le désir conscient des parents, dont l’enfant que l’on programme est l’exemple, et le désir inconscient.
La second phase décrite par Offroy est « la confrontation à la réalité » ou encore « le moi idéal et le prénom » : « si les parents parviennent à dépasser ce stade, ils vont pouvoir accéder à un désir socialisé, confronté à la réalité. »[8] C’est pour lui le moment où par exemple l’échographie dévoile le sexe de l’enfant, ce qui a effectivement pour effet de générer un mouvement psychique intense chez les parents correspondant au fait d’imaginer, de réélaborer les représentations qui correspondent à cet enfant imaginaire en intégrant quelque chose de réel (bien souvent c’est effectivement le sexe de l’enfant dévoilé à l’échographie).
Enfin, la troisième phase qu’il décrit, advient lorsque selon lui, il y a eu médiation entre tous les désirs contradictoires qui pèsent sur l’enfant, lorsque la réalité des contraintes sociales, des réactions des autres (familles, amis, etc…) devant le prénom, aurait été suffisamment prise en compte.
D’un point de vue « objectif », c’est-à-dire d’une description du processus du choix du prénom, il nous semble que Offroy apporte des éclaircissements intéressants sur les étapes que traversent les parents, et sa prise en compte des déterminations sociologiques, économiques, culturelles est également à souligner. Il examine et éclaire toutes ces contraintes avant de s’attarder plus précisément sur des aspects inconscients.
Mais là où nous nous écartons de ce qu’Offroy théorise, c’est quant à sa façon d’utiliser les concepts psychanalytiques de façon normative, pour ne pas dire moralisatrice. Le terme « narcissique » devient par exemple synonyme d’égoïsme, et d’archaïque. Il n’est pas non plus très clair sur la part qu’il donne au « poids du social », à « l’ensemble des contraintes qui vont peser sur l’enfant »[9] ou encore à la verbalisation des prénoms qui permettrait aux parents de se dégager des projections qu’ils font sur leur futur enfant. Cela donne l’impression d’une part, d’une conception de la psychanalyse un peu superficielle (« le projet maternel ou paternel, c’est donc un mouvement de conscientisation progressive du désir inconscient »[10]) et d’autre part, d’une volonté presque pédagogique en direction de futurs parents qui se retrouveraient devant la difficile tâche de choisir un prénom et qui, en ces temps de trop large permissivité, seraient à éduquer afin de prénommer de la manière la plus éclairée.
Ce qui est « bon pour l’enfant », selon lui, c’est donc « le projet parental bien instruit », qui a su composer avec la réalité et qui peut même nommer la différence sociale, c’est-à-dire ne pas être trop irréaliste en terme de promotion sociale et de réalité économique et sociale.
La dernière remarque que nous ferons concerne un autre aspect de l’idéalisation qu’il nous a semblé lire sous sa plume concernant ce projet parental, à savoir celui de la clarté. Ce projet parental, une fois intégrées toutes les contraintes de « la réalité » familiale, économique, sociale, etc…, devrait être « à peu près clair » afin que peut-être l’enfant puisse s’y identifier sans rencontrer trop de problèmes ?
Il reprend un exemple d’un article de Vincent de Gaulejac[11] qui décrit un père ouvrier se battant pour défendre les intérêts de la classe ouvrière mais qui demanderait à la fois à ses enfants de poursuivre ce combat tout en les « poussant » pour qu’ils « accèdent à la bourgeoisie en particulier par un surinvestissement du culturel »[12]. Ce type de conflit ne nous semble pas relevé du registre de la confusion (on finit par se demander ce qu’il critique par ailleurs : le conflit interne du père ou son désir de modification de l’ordre social ?), mais bien plutôt la base de ce qui se transmet généralement. Ce sont bien souvent les conflits qui se transmettent entre les générations, plutôt que les fameuses valeurs.
D’autres exemples
Concernant les recherches en psychanalyse sur ce thème de la nomination en général, il est facile de remarquer que la transmission du nom, comme patronyme, a souvent été privilégié, plutôt que celle du prénom. Mais il y a tout de même quelques ouvrages intéressants comme le recueil d’articles écrit sous le direction de Joël Clerget, Le nom et la nomination[13], dans lequel on peut trouver le très bon article de Clerget « L’essor du nom », celui de Jean-Pierre Durif-Varembont « Roman familial et nomination du sujet », ou encore celui de Daniel Sérieys « Comment tu t’appelles ? ».
Il existe également le numéro 19 de la revue Spirale sorti en 2001, intitulé Son nom de bébé[14], avec notamment deux articles : celui de Marie-Claude Casper « l’effet de transmission du prénom : d’un héritage à son appropriation », et celui de Jean-Pierre Durif-Varembont « Du pronom au visage, l’appel du nom ».
Joël Clerget relève une triple conception de cette nomination[15] qui implique l’être, le destin et le sujet :
« a) Le nom est l’être lui-même » : autrement dit, la signification importe peu quant à la fonction de ce prénom. Le plus important, c’est le fait même d’être nommé, dans sa valeur d’unification des multiples liens qui rattachent l’enfant à ses diverses appartenances. « Le nom fait naître à l’existence ».
« b) Le nom, c’est le destin. » : cette expression « met une vie dans le pli d’une destinée, c’est à dire dans la lecture des paroles qui président à une vie (…) ». Toutes les paroles qui ont été prononcées pendant l’attente du bébé, les désirs qui ont été façonnés par les histoires individuelles des parents, vont participer à tracer « le sillon d’un chemin de vie ». Le prénom en porterait la trace.
« c) Le nom porte et soutient l’identification symbolique d’un sujet ». Ce prénom, créé de toute pièce ou existant déjà dans une langue, « m’assigne à une relation d’appartenance, à une inscription. En toute rigueur, je ne porte pas mon nom, j’appartiens au nom. » Ainsi, le prénom ne désigne pas simplement une personne, il nomme quelqu’un, un sujet. Et c’est un Autre, qui en procédant à cet acte, l’inscrit du même coup dans une relation symbolique.
Si ces articles étudient donc différents aspects autour du prénom et ce de manière originale, ils n’abordent le nôtre que transversalement. Aucun n’aborde strictement et spécifiquement le thème de l’Idéal du Moi dans ses effets sur le choix du prénom chez les parents.
Notre hypothèse
La grossesse est un moment particulier où l’on peut considérer une certaine reviviscence du narcissisme parental. Selon nous, c’est la nature narcissique de l’investissement que peuvent porter les parents à la représentation de l’enfant qui est en jeu et qui est importante.
Le choix du prénom a généralement lieu pendant la grossesse et va se conclure souvent au moment de la naissance (certains parents disent qu’au moment de voir l’enfant et lors du premier appel du bébé par son prénom, le choix devient définitif et surtout « idéal »).
Nous considérons donc que ce choix, cette attribution du prénom à l’enfant est déterminée en partie par cette reviviscence du narcissisme parental qui a lieu au travers du processus d’idéalisation du futur enfant.
« His Majesty the Baby, comme on s’imaginait être jadis. Il accomplira les rêves de désir que les parents n’ont pas mis à exécution, il sera un grand homme, un héros, à la place du père; elle épousera un prince, dédommagement tardif pour la mère. Le point le plus épineux du système narcissique, cette immortalité du moi que la réalité bat en brèche, a retrouvé un lieu sûr en se réfugiant chez l’enfant. »[16]
La logique selon laquelle les idéaux agissent sur le Moi est celle que l’on a nommée, avec Freud, le narcissisme intellectuel. L’immortalité que vise Freud lorsqu’il nomme ces enfants, n’est-elle pas par exemple celle que l’être humain postule dans cet état mythique où l’insatisfaction, la perte, le désir n’existent pas, bref, où il peut enfin jouir du bonheur parfait et permanent ? Le substitut de ce narcissisme primaire postulé par Freud représente cette quête à jamais satisfaite pour retrouver l’unité perdue. C’est ce que représente l’instance de l’Idéal du Moi.
Il nous semble donc que ces rêves, certains désirs inconscients insatisfaits des parents pourraient se trouver en quelque sorte condensés dans cette trace, qu’est le ou les prénoms, et ce à l’insu des parents eux-mêmes. Ce moment d’attente de l’enfant peut être un moment de rapprochement avec les premiers idéaux, autrement dit ces désirs auraient un lien avec les premiers objets constitutifs de l’Idéal du Moi des parents.
Ainsi, selon nous, l’enfant à venir est tout d’abord un fantasme. Au travers de ce fantasme, le parent s’identifierait à cet objet qu’il va placer en lieu et place de son Idéal du Moi durant la grossesse. Les modalités de constitution des « Idéal du Moi » de chaque parent sont bien évidemment différentes, aussi, elles affecteront le choix du prénom de manière également différente. L’objet-enfant est investi progressivement à l’aide d’une libido que l’on qualifiera avec Freud de narcissique. C’est par exemple le souhait d’avoir un garçon ou une fille. Il peut donc être maintenant paré de toutes les perfections, être exalté psychiquement, autrement dit être idéalisé. Nous pensons que le choix de son prénom est marqué tout d’abord par cette satisfaction toute narcissique du parent et va être lui-même la marque d’un processus d’idéalisation.
Enfin nous pensons que le prénom va être marqué par la relation qu’entretient le Moi avec ses objets idéaux contenus dans son Idéal du Moi (autrement dit les identifications constitutives à ces objets, avec les éventuels conflits inhérents à des identifications inconciliables). Pour être plus précis, le prénom va être la marque d’une tentative fantasmatique de réalisation des exigences que portent ces figures idéalisées constitutives de l’Idéal du Moi.
Nous avons vu que le Moi pouvait se satisfaire en déplaçant les exigences de la réalité trop lourdes pour lui du côté de l’Idéal du Moi. L’objet-enfant mis à cette place pourra jouer ce rôle de réalisation, d’effectuation de ces exigences, censé assumer ce que le Moi parental a laissé de côté, pour son Idéal, et cela suivant la logique narcissique dans un premier temps (le prénom portera ainsi la trace de désirs irréalisés du parent).
Le choix du prénom comporte aussi généralement un moment de compromis si les deux parents sont présents bien entendu. Même si l’un des parents peut parfois être à l’initiative du prénom qui sera choisi, s’ils sont présents, les deux parents participent et délibèrent. Ce n’est pas sans poser quelques problèmes parfois. Ce moment de délibération pourrait également être abordé à l’aide de l’Idéal du Moi précisément dans le fait qu’une famille est en train de prendre le relais d’un couple, sur la base d’un enfant à venir, d’un objet qui est en train d’être idéalisé par les deux parents.
Autrement dit, l’enfant à venir peut être mis à la place des « Idéal du Moi » individuels de chaque parent, et constituer pendant au moins un temps un idéal collectif, qui va participer à la constitution d’un groupe-famille. Nous ne développerons pas cet aspect d’un point de vue théorique, qui mériterait une analyse à part entière.
Notre hypothèse peut donc maintenant s’énoncer ainsi :
Le choix du prénom d’un enfant par un parent s’inscrit dans la tentative d’obtenir une satisfaction narcissique suivant le processus d’idéalisation et la logique narcissique que l’on a décrits. Derrière le choix du prénom, il doit être possible de retrouver la trace des relations qu’entretient le Moi avec son Idéal du Moi. Par trace de ces relations, nous entendons les exigences déplacées dans l’Idéal du Moi et portées par les objets idéalisés constitutifs de cet Idéal du Moi, ainsi que les objets auxquels l’Idéal du Moi s’est identifié lors de son développement. Le prénom marque ainsi le désir de satisfaire ces exigences.
Critique d’un point de vue théorique
Une définition de l’Idéal incomplète
J’ai voulu me donner une définition personnelle de l’Idéal du Moi la plus proche des textes de Freud. Et cette recherche avait également pour but de clarifier ce que Freud nomme idéalisation et Idéal du Moi.
Mas tout en espérant que cette définition ait été satisfaisante, j’estime qu’elle n’est sûrement pas exhaustive. J’ai laissé volontairement de côté par exemple ce que j’aurais pu tirer d’un texte tel que Le moi et le ça. Ce dernier texte est un texte charnière, et de ce fait, il m’a semblé difficile à inclure dans mon étude. Néanmoins, il serait bien entendu intéressant de le faire, afin de saisir un peu mieux comment le concept d’Idéal du Moi devient le concept de Surmoi, de s’attarder sur les différences qui se maintiennent tout de même entre les deux. Car nombre d’auteurs continuent de les distinguer et accordent une grande pertinence à l’Idéal du Moi, quand bien même, on peut avoir le sentiment dans l’œuvre freudienne que les fonctions de cet Idéal se retrouvent subsumées par celles du Surmoi.
L’hypothèse de l’inconscient
Un autre aspect sur lequel je souhaitais revenir, est une critique que je m’adresse sous forme de recommandation. L’Idéal du Moi me semble faire partie des concepts freudiens difficiles à manier dans une recherche de ce type. A partir du moment où l’on parle de la notion de Moi, il est très facile de basculer vers des aspects uniquement conscients et d’oublier l’inconscient.
Le lien entre le narcissisme et l’Idéal du Moi
Comme je l’ai dit, j’ai circonscrit mon étude théorique concernant l’Idéal du Moi principalement à Freud. Et il reste une articulation que j’ai encore du mal à penser, c’est le rapport difficile entre narcissisme et Idéal du Moi. J’ai l’impression que cela pourrait être dû en partie au fait qu’il est resté tout de même un peu flou chez Freud.
Moi Idéal et Idéal du Moi : un enjeu théorique et pratique ?
Comme je l’ai amplement précisé, j’ai circonscrit mon étude du concept de l’Idéal du Moi aux textes de Freud. Cela m’a semblé suffisamment ambitieux dans un premier temps au regard de ce qu’il fallait essayer de travailler comme textes. Aussi, je n’ai pas emprunté le chemin maintenant bien balisé que certains auteurs ont tracé en distinguant conceptuellement ce que Freud n’a peut-être fait qu’écrire différemment en deux endroits, une fois dans Pour introduire le narcissisme et une fois dans « Le moi et le ça » : l’Ideal-Ich et le IchIdeal traduit en français par Jankélévitch respectivement dans les termes de Moi Idéal et d’Idéal du Moi.
En effet, ce couple de concepts est désormais largement utilisé pour désigner deux formations intrapsychiques différentes. Il semble que le premier psychanalyste qui ait introduit la distinction soit Herman Nunberg (1883-1970).
Il considère que « Le moi encore inorganisé, qui se sent uni au ça, correspond à une condition idéale, et c’est pourquoi on l’appelle le moi idéal. Le propre moi est probablement l’idéal pour le petit enfant, jusqu’au moment où il rencontre la première opposition à la satisfaction de ses besoins. Dans certains accès catatoniques ou maniaques, dans un certain nombre de psychoses conduisant à la détérioration mentale, et jusqu’à un certain degré également dans les névroses, l’individu réalise cette condition idéale dans laquelle il s’accorde tout ce qui lui plaît et rejette tout ce qui lui déplaît. Au cours de son développement, chaque individu laisse derrière lui cet idéal narcissique, mais en fait il aspire toujours à y retourner, ceci avec plus d’intensité dans certaines maladies. Lorsque cet idéal est de nouveau atteint pendant la maladie, le patient, en dépit de ses souffrances et de ses sentiments d’infériorité, se sent plus ou moins tout-puissant et doué de pouvoirs magiques qu’il place de nouveau au service de ses tendances morbides dans la formation des symptômes. N’oublions pas que chaque symptôme contient une réalisation de désirs positive ou négative, dont le patient se sert pour atteindre la toute-puissance. Dans les fantasmes de ‘retour au sein maternel’, l’individu cherche à réaliser cet état idéal de son moi. »[17]
On peut le constater, pour Nunberg, le Surmoi et l’Idéal du Moi sont équivalents, mais le Moi Idéal désigne une formation intrapsychique inconsciente narcissique qu’il distingue des deux autres en ce que ce Moi Idéal ne relève pas de la somme des identifications aux objets aimés. Ce n’est donc pas tout à fait la voie que nous avons choisie. Nous pouvons dire que nous n’avons pas cherché à distinguer cet aspect du Moi Idéal nunbergien qui serait la tentative de retour à un état de toute puissance, aux effets des identifications qui seraient la partie constituante de l’Idéal du Moi.
Mais Nunberg n’est pas le seul. En France, Daniel Lagache (1903-1972) a également mis en avant l’intérêt de distinguer le Moi Idéal de l’Idéal du Moi dans son fameux article « La psychanalyse et la structure de la personnalité »[18]. Dans l’avant-dernier chapitre de son article, « Sur la structure du Surmoi », Lagache cherche à clarifier ce qui peut distinguer les trois concepts Moi Idéal, Surmoi et Idéal du Moi.
La question qu’il pose est donc celle de savoir s’il faut considérer l’unicité de structure de ces trois termes. Lagache reprend l’idée classique de l’Idéal du Moi comme fonction du Surmoi, et il s’inscrit dans la perspective de Nunberg qui opère cette distinction Idéal du Moi/Moi Idéal. Il pose donc deux problèmes, les rapports entre le Surmoi et l’Idéal du Moi, et ceux entre Idéal du Moi et Moi Idéal. Lagache utilise « un modèle personnologique », c’est-à-dire qu’il tente de penser les relations entre les instances intra-psychiques sur le modèle d’une introjection, d’une intériorisation des relations entre personnes. Cela lui fait dire par exemple : « Dans le modèle personnologique, le surmoi correspond à l’autorité, et l’idéal du moi à la façon dont le sujet doit se comporter pour répondre à l’attente de l’autorité ; le moi-sujet s’identifie au surmoi, c’est-à-dire à l’autorité, et le moi-objet, lui, apparaît ou non conforme à l’idéal du moi. En d’autres termes, nous comprenons le surmoi et l’idéal du moi comme formant un système qui reproduit, ‘à l’intérieur de la personnalité’, la relation autoritaire parents-enfant. » [19]. Notons que Lacan avait exploré lui-même cette perspective personnologique dans sa thèse[20], même si c’est ce qu’il va critiquer chez Lagache dans un article que nous présenterons plus loin.
Arrêtons-nous maintenant sur la description du Moi Idéal de Lagache. Pour lui, Freud n’a certes pas distingué cette formation du système Surmoi – Idéal du Moi, mais l’utiliser permettrait tout de même de saisir certains faits cliniques de manière pertinente. Lagache utilise donc le concept de Moi Idéal à l’instar de Nunberg, comme un idéal narcissique de toute-puissance, et l’Idéal du Moi comme les modèles d’autorité, auquel le moi est censé se conformer. Lagache va ensuite décrire les conflits d’identification qui peuvent se produire, par exemple entre l’identification au Moi Idéal et l’identification à l’Idéal du Moi, et réinterprète précisément le conflit oedipien comme « le conflit entre l’identification primaire au père et l’identification secondaire au père, entre le moi idéal et le surmoi – idéal du moi. »[21] Nous n’irons pas plus loin dans l’utilisation que Lagache fait de ce concept de Moi Idéal, sinon qu’il s’en sert pour essayer en quelque sort d’affiner l’utilisation du concept de Surmoi dans certaines situations.
Pour conclure sur cet article, retenons l’idée la plus intéressante pour notre sujet, « l’antinomie du moi idéal et du surmoi – idéal du moi, de l’identification narcissique à la toute-puissance et de la soumission à la toute-puissance (…) »[22]. D’un point de vue théorique, la distinction entre Moi Idéal – Idéal du Moi, qui n’existe pas conceptuellement chez Freud, paraît intéressante pour clarifier certains enjeux dans notre problématique.
En effet, si l’on considère avec Lagache que les aspects moraux, d’obéissance à la loi sociale, d’autorité morale, appartiennent plutôt au registre de l’Idéal du Moi, et que les idées de grandeur, mégalomaniaques, de toute-puissance, de prestige ou de gloire, sont en revanche du registre du Moi Idéal, alors il faudrait en tenir compte dans une analyse du choix du prénom d’un enfant. Comment repérer les effets de telle ou telle instance dans ce choix ? Cliniquement, quels peuvent être les effets d’un choix relevant de telle ou telle instance ?
etc…
Pour notre part et sur ce point, je pense que la définition que je me suis donnée de l’Idéal du Moi combine les fonctions de ces deux instances, dans la mesure où elle inclue à la fois les exigences portées par certaines figures constitutives de l’Idéal du Moi, sous peine d’être sanctionné par une perte d’amour ; et la satisfaction narcissique qui peut être obtenue par le fait de remplir soit une exigence de type « régressive », c’est-à-dire inscrivant la satisfaction du côté de la toute-puissance ; soit une exigence de type « plus élevée », capable de placer l’Idéal sur le chemin de la sublimation par exemple.
Sur ce point par ailleurs, je ne souscris pas du tout à l’avis de Chasseguet-Smirgel qui ne trouve aucun intérêt à distinguer Moi Idéal et Idéal du Moi.
Enfin, je pense que Lacan a donné ses lettres de noblesse à la distinction de ces deux instances à l’aide de son modèle construit sur la base d’un schéma optique. Comme nous l’avons écrit plus haut, Lacan va critiquer Lagache sur la base de son article et de son utilisation du « modèle personnologique » dans un article publié dans ses Ecrits[23] pour présenter ce qu’il entend par la structure du sujet et le processus d’une cure psychanalytique.
Nous n’allons pas étudier en profondeur cet article de Lacan, ni ses autres remarques que l’on peut trouver dans son séminaire de 1953-1954, Les écrits techniques de Freud[24]. Mais nous dirons cependant que Lacan, à propos de la distinction Moi Idéal, Idéal du Moi, invite Lagache à se tenir « à distance de l’expérience » et du phénomène, au risque de « se fier à des mirages », autrement dit à être plus « structuraliste »…
Relevons tout de même ce que Lacan dit des deux instances dans une de ses tournures qui ont le mérite d’être plus qu’explicites : « (…) dans la relation du sujet à l’autre de l’autorité, l’Idéal du Moi, suivant la loi de plaire, mène le sujet à se déplaire au gré du commandement ; le Moi Idéal, au risque de déplaire, ne triomphe qu’à plaire en dépit du commandement »[25].
Nous ne présenterons pas non plus le modèle optique[26], mais notons combien il permet de saisir d’une part clairement la distinction du Moi-Idéal et de l’Idéal du Moi, et d’autre part de comprendre une articulation qui nous paraît essentielle, la dimension symbolique face à la dimension imaginaire, et celle de la nomination. En effet, pour que l’illusion du vase inversé se produise, autrement dit pour que le sujet ait accès à l’imaginaire, il faut tout d’abord que l’œil soit situé dans le cône. Mais ce n’est pas tout, cela dépend également de la situation de cet Œil-Sujet dans la dimension symbolique : ce sont les relations de parenté, le nom et le prénom, etc…, comme l’écrit ironiquement Lacan : « (…) la place que l’enfant tient dans la lignée selon la convention des structures de la parenté, le pré-nom parfois qui l’identifie déjà à son grand-père, les cadres de l’état civil et même ce qui y dénotera son sexe, voilà ce qui se soucie fort peu de ce qu’il est en lui-même : qu’il surgisse donc hermaphrodite, un peu pour voir ! »[27]
Ceci nous permet de conclure sur la fonction que Lacan attribue à l’Idéal du Moi : « L’idéal du moi commande le jeu de relations d’où dépend toute la relation à autrui. » Dans son modèle optique, Lacan pose en effet que l’inclinaison du miroir qui permet l’illusion narcissique, c’est-à-dire la précipitation de cette image correspondante au Moi Idéal dans laquelle le sujet peut s’aliéner, est commandée par la voix de l’autre, autrement dit par l’Idéal du Moi.
« En d’autres termes, c’est la relation symbolique qui définit la position du sujet comme voyant. C’est la parole, la fonction symbolique qui définit le plus ou moins grand degré de perfection, de complétude, d’approximation, de l’imaginaire. »[28]
Ainsi, une piste importante pour poursuivre cette recherche serait d’étudier de manière plus approfondie la fonction de l’Idéal du Moi dans ce registre symbolique au travers de son rôle dans le choix du prénom chez un parent.
L’acte de prénomination et la dimension symbolique du côté de l’enfant
Il existe différentes déterminations à cette étape du choix d’un prénom : des éléments juridiques et institutionnels tout d’abord, qui sont inscrits dans le Code civil et la loi, mais également des facteurs historiques ou religieux. Mais ce qui serait particulièrement intéressant d’interroger serait la dimension symbolique qui engage le sujet dans cet acte qui consiste à nommer quelqu’un à partir de la part de désir inconscient à l’origine de cet acte. Dans nos sociétés occidentales, certaines contraintes pèsent (en effet, aucune société ne laisse totalement libre ce genre de décision), mais le prénom est choisi par les parents, c’est l’acte de prénomination, tandis que le nom est transmis. Ce que nous voulions montrer c’est que cette trace pouvait condenser des éléments d’histoire familiale et des désirs parentaux, en tant que ce prénom pouvait contenir une sorte de dépôt, de leg, antérieur au sujet, constitué par de l’imaginaire parental, et notamment ses idéaux.
Pour conclure sur cet aspect symbolique de l’Idéal du Moi, après l’étude de son impact du côté du parent qui va donner un prénom, cette recherche pourrait également se poursuivre du côté de l’enfant qui va recevoir ce prénom, et s’inscrire ainsi dans le thème plus vaste de la transmission et de ses avatars.
En effet, nous avons également vu, avec Lacan, comment le prénom peut également introduire l’enfant nouveau-né dans une dimension symbolique et lui faire ainsi une place dans une généalogie en lui permettant d’opérer une différence tout d’abord avec autrui, puis de le placer dans un sexe ou l’autre, et enfin de le situer dans la différence des générations. C’est dire combien ce prénom, que l’on pourrait qualifier dans cette perspective d’opérateur différentiel, va tenir une place importante, en faisant tenir ensemble ce qu’on pourrait appeler la dimension corporelle, et imaginaire donc, avec cette dimension symbolique de nature essentiellement langagière. En effet, l’enfant pourra être appelé, pour plus tard dire « je suis Pierre ». Il pourra donc dans un premier temps être nommé, ou pour le dire simplement, son prénom lui ouvre une existence.
Mais encore faut-il que le sujet s’identifie à ce prénom, le fasse sien, qu’il réponde de son prénom après avoir répondu à son prénom. Cet acte de prénomination pourrait alors être considéré comme une seconde conception, fantasmatique cette fois, de l’enfant.
Cette fonction de prénommer un enfant a ainsi pour but moins de singulariser l’être en devenir qu’est l’enfant que de l’agréger à une communauté. Il s’agit d’établir l’être de l’enfant comme sujet d’une communauté et sujet du langage, car le prénom, comme le mot, fait exister, c’est-à-dire étymologiquement « se tenir hors de ». Avec Christian Flavigny, nous dirions que le nom fait « résider au-dehors, situe l’être comme extérieur à lui-même, le situe dans le langage. »[29]
Ainsi, à l’instar des exemples que Freud donne dans Totem et Tabou autour des tabous de noms qu’il est dangereux de prononcer, il existe de nombreuses croyances rapportant le pouvoir que l’on peut acquérir sur quelqu’un si l’on connaît son vrai nom, d’où les traditions qui consistent à maintenir le nom secret, à n’utiliser qu’un nom en société, tout en gardant caché un autre nom.
Pour conclure, nous pouvons maintenant reprendre ce que nous avions laissé de côté à propos de notre interrogation sur ce que Freud avait nommé l’identification au père de la préhistoire personnelle.
Nous avions vu dans Le moi et le ça comment cette identification permettait à un Freud, encore prudent, d’essayer de se passer d’un investissement d’objet préalable : « C’est une identification directe, immédiate, plus précoce que tout investissement d’objet. »[30] Et nous en avions conclu d’abord que les identifications narcissiques secondaires n’étaient pas suffisantes pour Freud, puisqu’il se rendait compte qu’il fallait un autre type d’identification, et enfin que ce père devait être d’une autre nature que les parents de l’enfant qui allaient supporter ces identifications narcissiques.
Maintenant que nous avons dégagé l’importance du registre symbolique avec Lacan, l’identification à ce père bien étrange pourrait se comprendre comme la nécessité pour Freud de supposer une identification à une place, à quelque chose qui manque, nommé par Lacan comme le père symbolique, et qui permettra à la métaphore dite paternelle d’avoir lieu.
Je pense que c’est à partir de cette première identification que Freud place à la genèse de l’Idéal du Moi, que nous pourrions être en mesure d’articuler quelque chose d’intéressant sur la transmission entre parent et enfant. Du côté du parent, il faudrait étudier ce qui conditionne l’acte de choisir un prénom, comme nous avons commencé à le faire, et du côté de l’enfant, les conditions qui permettent cette identification première.
Conclusion
Dans cette conclusion, nous voulions situer la situation de ce travail de recherche dans la littérature grand public et la psychanalyse, pour parler ensuite de l’intérêt clinique d’une telle recherche.
Entre thème grand public et thème de recherche
Voici quelques exemples de présentation de livres du type « guide des prénoms pour les parents ». Ces textes sont tirés des présentations des ouvrages que l’on peut trouver sur des sites marchands :
« Présentation de l’éditeur
Le prénom idéal, c’est celui que votre enfant ne se lassera jamais d’entendre, celui que vous prononcerez toujours avec le même bonheur, celui qui fera partie intégrante de sa personnalité. Comment ne pas vous tromper ? Au-delà de la sonorité qui vous plaît, pensez à l’harmonie avec son patronyme mais aussi à votre style de vie et à l’environnement familial.
Si vous aimez les prénoms Théodore, Steven, Clémence ou Britanny, connaissez-vous leur origine, leur signification, leur histoire ?
Pour choisir en connaissance de cause, l’auteur propose de découvrir plusieurs milliers de prénoms français ou étrangers, anciens or modernes, classiques ou originaux, avec, pour chacun d’eux, l’origine, la signification, le saint ou le personnage qui l’a illustré, le jour de la fête les principaux traits de caractère et sa traduction dans différentes langues.
Des idées, des découvertes, des connaissances et beaucoup de plaisir, voici ce que ce guide souhaite vous apporter, pour l’une des plus belle aventures de votre vie : le choix du prénom de votre enfant. »
« Présentation de l’éditeur
Origines, fêtes à souhaiter, mots-clefs du caractère…Sujet – Un prénom, c’est, dans l’esprit de ceux qui le choisissent pour l’enfant à naître, un modèle, une référence, un destin. Mais le prénom, c’est aussi le reflet de la personnalité de celui qui le porte. D’Aaron à Zoé, voici les 1160 prénoms d’aujourd’hui, les plus portés en France l’année 2004, selon une étude de l’INSEE. Pour mieux connaître votre entourage, pour choisir un avenir et comprendre un présent, consultez ce guide. »
« Présentation de l’éditeur
Sitôt que l’enfant s’annonce et que l’on commence à rêver à ce que sera la vie avec ce petit être, une question vient aux futurs parents : comment l’appeler ? C’est qu’il n’est pas si facile de choisir le prénom idéal : dans une semblable situation, on a bien besoin d’un petit peu d’aide. C’est précisément ce que vous propose cet ouvrage, qui réunit un ensemble unique d’informations relatives à près de 6 400 prénoms français, européens et extra-européens. Caractérologie, correspondance astrologique, couleur et chiffres attachés à chaque prénom, mais aussi, bien sûr, fête, origine étymologique, histoire profane et religieuse, vogue actuelle, sans oublier quelques-unes des personnalités marquantes qui ont porté ou portent ledit prénom : un maximum d’éléments vous sont ici donnés, qui vous permettront de faire votre choix en connaissance de cause. Un formidable outil, vivant, tonique, et qui plus est non dénué d’humour. Une bien jolie façon de préparer la venue de l’enfant à naître. »
Ces livres-guides répondent à une angoisse, « Comment ne pas vous tromper », « Pour choisir en connaissance de cause », « Pour mieux connaître votre entourage, pour choisir un avenir et comprendre un présent C’est qu’il n’est pas si facile de choisir le prénom idéal : dans une semblable situation, on a bien besoin d’un petit peu d’aide »
Comme je l’ai écrit, je pense que cette logique du narcissisme intellectuel décrite par Freud, c’est-à-dire la croyance dans une certaine magie par rapport aux effets de l’attribution de tel ou tel prénom, est à l’œuvre dans le choix des parents. C’est la problématique du destin contenu dans le prénom qui retient évidemment le plus l’attention du grand public. Nous ne savons pas bien non plus comment cette magie semble opérer parfois non plus, comment l’enfant reçoit son prénom et quels effets cela a-t-il vraiment. Il y a fort à parier que c’est également là que se situe la part de choix qu’est laissée à un sujet d’agir selon ce qui lui est légué.
Mais quant à ces guides, je pense surtout qu’ils répondent au besoin de maîtriser le devenir de l’enfant suivant cette croyance. Si l’on suit cette logique narcissique, il faut également, comme le dit la présentation, connaître « le maximum d’éléments » pour opérer le choix le plus optimal possible en raison de tous les paramètres.
Aujourd’hui, face à la liberté plus grande quant au choix des prénoms, il y a peut-être plus d’angoisse chez les parents. Et la psychologie vient essayer d’y répondre. L’offre crée la demande et la demande l’offre, et l’on voit ainsi de plus en plus de « guides de bonnes pratiques » fleurir sur le thème du choix du prénom comme sur beaucoup d’autres ayant trait aux questions que peut se poser tout un chacun, y compris et surtout les futurs parents.
Entre thème de recherche et thème clinique
Ce thème de recherche me semble être un bon exemple de la pertinence de la psychanalyse pour investiguer les aléas de la vie psychique, et du risque de la transformer en outil prescriptif, ou moralisateur.
Nous avions cité quelques articles sur le thème de la prénomination sans nous y attarder. Mais un de leur intérêt (dont je n’ai pas parlé), est le fait qu’ils abordaient ce sujet sous l’angle clinique, plutôt que celui de la recherche. Et c’est précisément l’intérêt que nous souhaiterions défendre pour ce thème de recherche.
Jean-Pierre Durif-Varembont déclare par exemple : « Que le travail sur et avec les noms et les prénoms en ce qu’il médiatise la vérité de l’alliance et de la filiation soit une nécessité des entretiens préliminaires, en particulier en psychanalyse d’enfant, c’est ce que m’a appris le cas exemplaire de ce jeune garçon de dix ans que j’ai reçu, il y a quelques années. »[31] ; avant de déployer la présentation du cas d’un enfant souffrant d’une phobie au travers de répétitions dans les générations qui l’ont précédé, et l’intérêt de se repérer sur le prénom pour en suivre les effets. Daniel Sérieys développe quant à lui l’hypothèse que « le prénom retenu contient au moins un signifiant de l’histoire parentale »[32].
Il est vrai que ce travail présenté ici s’inscrit dans une recherche théorique avant tout, mais je pense qu’il doit soutenir l’intérêt pour une attention particulière dans l’écoute des situations cliniques singulières rencontrées dans la pratique.
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[1] Serge Tisseron, « De la honte qui tue à la honte qui sauve », in Le Coq-héron, 2006/1, no 184.
[2] Karl Abraham, « La force déterminante du nom », Rêve et mythe, Œuvres complètes Tome I, Petite Bibliothèque Payot, 1965.
[3] Ibid., p. 115.
[4] Jean-Gabriel Offroy, Le Choix du prénom, Hommes et perspectives, 1993.
[5] Jean-Gabriel Offroy, Prénom et identité sociale, du projet social et familial au projet parental, in Spirale, n°19, 2001.
[6] Ibid. , p. 91.
[7] Ibid. , p. 93.
[8] Jean-Gabriel Offroy, Le Choix du prénom, Hommes et perspectives, 1993, p. 231
[9] Ibid., p. 232.
[10] Ibid., p. 235.
[11] Vincent de Gaulejac, “L’héritage”, Connexions, n°41, 1983.
[12] Jean-Gabriel Offroy, Le Choix du prénom, Hommes et perspectives, 1993, p. 226.
[13] Le nom et la nomination, sous la direction de Joël Clerget, Erès, 1990.
[14] Son nom de bébé, Spirale, n°19, 2001.
[15] Joël Clerget, « Présentation », Son nom de bébé, Spirale, n°19, 2001, p.11 à 12.
[16] Sigmund Freud, « Pour introduire le narcissisme », in Œuvres complètes, tome XII, PUF, 2005, p. 234-235.
[17] Herman Nunberg , Principes de psychanalyse, PUF, 1957.
[18] Daniel Lagache, Agressivité, structure de la personnalité et autres travaux, PUF, 1982
[19] Daniel Lagache, « La psychanalyse et la structure de la personnalité », in Agressivité, structure de la personnalité et autres travaux, PUF, 1982, p. 223.
[20] Jacques Lacan, De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité, Points Seuil, Paris, 1975.
[21] Daniel Lagache, « La psychanalyse et la structure de la personnalité », in Agressivité, structure de la personnalité et autres travaux, PUF, 1982, p. 227.
[22] Ibid., p. 230.
[23] Jacques Lacan, « Remarque sur le rapport de Daniel Lagache : ‘psychanalyse et structure de la personnalité’ », in Ecrits II, Points Seuil, 1999.
[24] Jacques Lacan, Les écrits techniques de Freud, le séminaire, livre I, texte établi par Jacques-Alain Miller, Editions du Seuil, 1975.
[25] Jacques Lacan, « Remarque sur le rapport de Daniel Lagache : ‘psychanalyse et structure de la personnalité’ », in Ecrits II, Points Seuil, 1999, p. 148-149.
[26] Ce schéma optique est issu d’une expérience de physique où certaines propriétés de l’optique sont utilisées. Il s’agit de voir apparaître, dans certaines conditions, un bouquet de fleurs dans un vase réel qui n’en contient pas. Nous en trouvons une première représentation dans le Séminaire sur les Ecrits techniques de Freud (1953-1954), puis dans l’article « Remarque sur le rapport de Daniel Lagache : ‘psychanalyse et structure de la personnalité’ », ou encore dans le Séminaire sur l’Angoisse (1962-1963) où il permet à Lacan de traiter de l’objet a.
[27] Jacques Lacan, « Remarque sur le rapport de Daniel Lagache : ‘psychanalyse et structure de la personnalité’ », in Ecrits II, Points Seuil, 1999, p. 130.
[28] Jacques Lacan, Les écrits techniques de Freud, le séminaire, livre I, texte établi par Jacques-Alain Miller, Editions du Seuil, 1975, p. 222.
[29] Christian Flavigny, « Le (pré)nom comme illustration de la transmission psychique », Actualités transgénérationnelles en psychopathologie, sous la direction de P. Fédida, Echo-Centurion.
[30] Sigmund Freud, « Le moi et le ça », in Essais de psychanalyse, Petite Bibliothèque Payot, 2001, p. 271.
[31] Jean-Pierre Durif-Varembont « Roman familial et nomination du sujet », in Le nom et la nomination, sous la direction de Joël Clerget, Erès, 1990, p. 173.
[32] Daniel Sérieys « Comment tu t’appelles ? », in Le nom et la nomination, sous la direction de Joël Clerget, Erès, 1990, p. 179.
mot(s)-clé(s) : choix du prénom, Freud, idéal du moi, narcissisme, psychanalyse
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Bonjour, je suis toujours admiratif des beaux textes et sites dotés de fonctions élaborées comme celle de ‘répondre’ sur place. Bravo. En fait je n’ai fait que survoler votre page sur le choix du prénom – mais vous me pardonnerez, c’est comme ça qu’on vit maintenant ; j’y ai tout de même vu un petit peu comment ça tournait. Et pour m’expliquer : j’attendais ce matin le recueil de Karl Abraham ou je projette de lire l’article sur la force déterminante du nom – ce sera pour demain que le facteur me le fera parvenir d’Amazon. En attendant de découvre que l’accent serait surtout porté sur le prénom. Cependant c’est la force du patronyme qui fait mon premier intérêt. Dans tous les cas comme si la collusion du nom et du destin pouvait illustrer celle du signifiant et du biologique – à ce point particulier du nom de personne.
Salutations.
DWT
flog.référence : http://www.psybakh.net/2011/htm/20110129093400_flog-11.htm#220110802131100
Cher DWT,
Merci pour votre commentaire…
Et vous êtes tout à fait pardonné ! ;o)
Le texte d’Abraham est un court texte, deux petites pages à peine. Il y fait référence à un autre article de Stekel, « La contrainte du nom ».
Mais il me semble (je ne crois pas en avoir parlé ici) que René Major a travaillé sur cette question du nom propre, peut-être dans «La psychanalyse aux frontières du droit, de la biologie et de la philosophie », mais je n’en suis pas certain. A vérifier…
« La collusion du nom et du destin comme celle du signifiant et du biologique ».
Personnellement, c’est (celle du signifiant et du biologique) aussi un sujet qui me travaille… Comment un corps se construit, et surtout, tient debout finalement. Et la question du langage ne peut être ignorée effectivement. La question du nom, de la nomination, est aussi tout à fait importante.
Si je puis me permettre, qu’est ce qui vous intéresse de votre côté, dans cette « collusion » ?
Je viens de jeter un oeil sur votre « flog ».
Est-ce à rapprocher des tentatives de numérisation, d’archivage numérique de toute donnée personnelle, photos, vidéo, etc. ?
Pourriez-vous m’expliquer, cela m’intéresse…
En continuant de lire, je viens de voir que vous vous êtes intéressés de près aux liens entre Lacan et la cybernétique.
C’est amusant, car j’étais en train de relire le séminaire deux dans ce sens…m’intéressant en ce moment à la question plus large de la machine…
Bien à vous,
VLC.
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