Le choix du prénom ou la logique narcissique de l’Idéal du Moi : première partie

« Ce que tes aïeux t’ont laissé en héritage, si tu veux le posséder, gagne-le »

Goethe, Faust, première partie.

Cité par Freud dans son abrégé de psychanalyse, p.84

Historique du Narcissisme

Je commencerai par reprendre l’introduction que j’ai déjà écrite sur le narcissisme ici :

Narcissisme et adolescence – première partie

Le concept de narcissisme, c’est à dire littéralement l’amour porté à sa propre image, est un concept-pivot, qui bien que transitoire, a été « introduit » par Freud en 1914[1] au sein de sa théorie. « Introduit » est peut-être un euphémisme tant Freud, dans son article, passe en revue les questions que pose le concept à toute une partie de son édifice théorique, non sans poser quelques problèmes, implicites ou explicites, qui seront repris d’ailleurs par les psychanalystes suivants, soit dans la foulée, soit un peu plus tard dans l’histoire de la psychanalyse. Concept transitoire, disions-nous, puisque celui-ci disparaîtra plus ou moins sous l’avancée, à la fois de la dernière théorie des pulsions et de la seconde topique. Il n’en reste pas moins un des plus importants dans le corpus freudien et peut-être l’un des plus heuristiques (au risque d’en faire un concept fourre-tout) si l’on en juge par la production psychanalytique qui s’inscrit dans sa lignée théorique (on pense ici par exemple à la théorie d’Hartmann du Moi autonome puis à celle de Kohut sur le Self, ou encore à l’utilisation que Jacques Lacan en fera. Ce dernier proposera une solution à cette question implicite de Freud quant à la nature de cette « nouvelle action psychique »[2], avec son célèbre article sur le stade du miroir[3] et sa description de ce moment fondateur pour le sujet.) et clinique (on voit par là son utilisation dans la définition « des nouvelles pathologies » concernant les addictions ou les troubles de l’alimentation par exemple, ou encore dans celle des cas-limites : le conflit oedipien contre le conflit narcissique).

Concernant le narcissisme dans la théorie freudienne, le texte de 1914, « Pour introduire le narcissisme », aborde différentes dimensions du concept : économique, structurale et développementale.

La seconde topique freudienne entraînera, certes, l’éclipse du concept de narcissisme, mais également un certain brouillage conceptuel. En effet, le narcissisme primaire, avancé en 1914, devient un véritable stade anobjectal (un état où l’appareil psychique serait clôt sur lui-même telle une monade), difficilement concevable car rentrant en contradiction avec le fait que l’état du bébé est également conçu comme un état d’indistinction entre ce qui est soi et ce qui ne l’est pas.

Mélanie Klein, réfutant cet hypothétique stade du narcissisme primaire, désignera un état précoce où l’enfant investirait toute sa libido sur lui-même, avec sa théorie des relations d’objet précoces. Le courant kleinien, avec notamment Herbert Rosenfeld, ou encore Wilfred Bion, développera d’ailleurs une approche spécifique du traitement psychanalytique des troubles qualifiés de narcissiques.

Mais revenons à Freud et les raisons pour lesquelles il a introduit cette notion de narcissisme. En effet, face aux questions que lui posent Jung et Bleuler à propos de la psychose, Freud refusant de céder à la tentation d’abandonner la préséance du sexuel dans l’étiologie des troubles, mais également dans la description du développement du moi (qui reste attaché dans la tradition psychiatrique, et particulièrement dans la conception jungienne, à la sphère de l’esprit, détachée du corps, ce que refuse obstinément Freud), va proposer une description des troubles psychotiques en termes de régression narcissique. Freud va être très vite devant un paradoxe : comment le narcissisme, qu’il va décrire comme un investissement libidinal, peut bien venir au final s’opposer à la libido ?

Il lui faut imposer l’idée d’un moi libidinalisé, sans quoi une théorie d’un moi désexualisé pourrait prendre le dessus. Le complexe d’Œdipe, Freud en fait une référence solide qu’il utilise abondamment. Mais avec ce concept de narcissisme, il avance à petits pas, car il semble qu’il s’en méfie. En effet, la logique du narcissisme peut tendre à faire disparaître la sexualité du devant de la scène. Sa logique, comme nous le verrons, appartient au domaine des représentations.

Dans le texte où l’on peut voir la première occurrence du terme de narcissisme, « Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci », Freud décrit l’amour que portait Léonard de Vinci aux jeunes gens dont il aimait a priori s’entourer, et va tenter de l’expliquer à l’aide de la notion de narcissisme. Il va ainsi décrire un type particulier de choix d’objet, et expliquer que Léonard se serait identifié à sa mère, et ainsi, qu’au travers de l’amour qu’il portait à ces jeunes hommes, il continuait en fait de s’aimer lui-même, comme sa mère l’avait aimé. Freud relie donc clairement dans ce texte le narcissisme à un processus d’identification. Ainsi, lorsqu’on parle d’identification, on commence à parler de représentation. Le choix d’objet d’amour ne peut plus être un simple objet pulsionnel, car il obéit à une logique différente qui s’est mise en place avec le narcissisme.

A partir du texte, « Remarques psychanalytiques sur un cas de paranoïa » publié en 1911, Freud va commencer à utiliser le terme de narcissisme en référence à une sorte de stade du développement infantile sexuel. Il va donc placer ce stade narcissique entre l’auto-érotisme et ce qu’il appelle l’amour d’objet. Les tendances homosexuelles analysées dans son texte sur Léonard, sont retrouvées également chez Schreber, au niveau de son délire. Elles appartiennent maintenant à ce nouveau stade de l’évolution psycho-sexuelle et loin de disparaître, elles deviendront plus tard le fondement même des liens sociaux pour Freud.

Il est à noter que les descriptions du narcissisme opérées par Freud ont toujours partie liées avec l’amour et non la pulsion, qui est au centre de l’édifice théorique dit de la première topique. L’objet pulsionnel est interchangeable, il est consommé avant d’être construit, à la différence de l’objet d’amour, qui lui, est une construction : il est ainsi conçu avant d’être en quelque sorte consommé.

Comme nous l’avons dit, le texte de 1914, « Pour introduire le narcissisme », marque l’élaboration théorique du concept, mais, comme on l’a vu, d’une part on peut en retrouver certaines traces dans des textes antérieurs, et d’autre part, il est possible de dégager certaines applications de ce concept, avec des prolongements intéressants dans des textes presque contemporains du texte de 1914.

Nous avons donc choisi quelques textes que nous avons étudiés afin de dégager du concept quelques propositions plus spécifiques pour notre recherche sur le choix du prénom en rapport avec l’idéal du moi.

Ces textes sont « le poète et l’activité de fantaisie » écrit en 1908, « Totem et Tabou » publié entre 1912 et 1913, et enfin « Pour introduire le narcissisme » publié en 1914.

Etude de « le poète et l’activité de fantaisie »

C’est un texte paru en 1908 où Freud explore ce sujet qui lui tient à cœur, et peut-être même plus, au corps, à savoir la création littéraire. Il s’interroge plus particulièrement ici sur la source de l’activité créatrice du poète. Très vite, il la compare au jeu, à l’activité ludique que l’on peut observer chez l’enfant : « que tout enfant qui joue se comporte en poète, en tant qu’il se crée un monde à lui, ou, plus exactement, qu’il transpose les choses du monde où il vit dans un ordre nouveau tout à sa convenance. »[4] En fait, en liant cette proposition avec une autre que Freud va développer dans la suite de son texte, nous pourrions ajouter que l’activité du poète, pour Freud, est une façon de poursuivre les jeux d’enfant. Car il ajoute à propos du renoncement à un plaisir goûté qu’ « à vrai dire, nous ne pouvons renoncer à rien, nous ne faisons qu’échanger une chose contre l’autre ; ce qui paraît être un renoncement n’est en réalité qu’une formation substitutive ou succédanée. »[5]

Ainsi l’activité de fantaisie (autrement dit les fantasmes produits par l’être humain) n’est qu’une des formations substitutives des plaisirs procurés entre autres par ces jeux auxquels l’enfant qu’il fut s’adonnait.

Cette impossibilité de renoncer à une satisfaction déjà éprouvée est une proposition forte que nous allons retenir, et sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir.

Freud va poursuivre en observant que la différence notable entre l’adulte et l’enfant, c’est que l’adulte a honte de ses fantasmes. Et pour expliquer cette différence, Freud va de nouveau faire appel à ce que nous aurions envie d’appeler, ce premier idéal : ce « seul souhait qui aide à l’éducation de l’enfant »[6]. En effet, nous rapprocherons ce premier souhait de celui que Freud développe plus largement dans un autre texte, « Le roman familial des névrosés » sur lequel nous nous pencherons plus tard, qui est « le souhait d’être grand et adulte ».

Nous nous sommes également posés la question de savoir si ce ne serait pas également ce même idéal, ce souhait d’être comme ses parents, qui pourrait être utilisé pour lire cette phrase du texte « Pour introduire le narcissisme » sur lequel nous nous appuierons également : « Le développement du moi consiste à s’éloigner du narcissisme primaire, et engendre une aspiration intense à recouvrer ce narcissisme. Cet éloignement se produit par le moyen du déplacement de la libido sur un idéal du moi imposé de l’extérieur, la satisfaction par l’accomplissement de cet idéal. »[7] Les premiers objets idéalisés seraient alors les parents et la satisfaction serait tirée d’une identification à ces objets, du rapprochement avec ces idéaux.

Dans tous les cas, cette proposition énonçant cette impossibilité de renoncer à une satisfaction nous paraît être importante à relever dans le cadre de cette étude sur le narcissisme, et permet de mieux saisir que ce développement du moi dont parle Freud va se dérouler avec comme toile de fond cette aspiration à retrouver une satisfaction perdue.

Ainsi, la honte de l’adulte qui fantasme s’expliquerait par cette contradiction dans laquelle il est plongé : fantasmer lui procure une satisfaction certes, mais celle-ci a un goût bien trop infantile, pour lui qui est devenu grand et adulte. Tirer de la satisfaction de cette activité substitutive, c’est alors creuser un écart important avec la satisfaction d’avoir atteint cet idéal que serait le statut d’adulte. C’est donc creuser un écart important entre l’idéal et cette activité de fantaisie, qui devient alors la source du sentiment de honte.

Pourquoi s’attarder sur cette activité de fantaisie et ses liens avec l’idéal et la honte ?

Parce que d’une part, comme nous l’avons dit, nous supposons avec Freud qu’en effet, le renoncement à une satisfaction éprouvée une fois est une chose particulièrement difficile. Aussi, cette satisfaction dont a bénéficié l’être humain dans cet état mythique que Freud a qualifié de narcissisme, ne va, en pratique jamais être complètement abandonnée. Elle va donc être recherchée, et ainsi être supposée atteignable par d’autres voies, celle des idéaux et des activités qui vont tendre vers ces idéaux. C’est ce que nous développerons par la suite. D’autre part, ce sentiment de honte attaché à l’activité de fantaisie chez l’adulte, comme le rappelle Freud dans ce texte, fait qu’il est alors difficile d’y avoir accès. « L’adulte, par contre, a honte de ses fantasmes et les dissimule aux autres, il les couve comme ses intimités les plus personnelles ; en règle générale, il préférerait avouer ses fautes que de faire part de ses fantasmes. »[8] Or il nous semble que le choix d’un prénom relève de cette activité de fantaisie. C’est pourquoi nous pensons que les raisons invoquées par les parents, même si elles sont importantes, relèvent de tentatives de dissimulation de cette activité, puisque nous supposons qu’une part de honte l’accompagne.

Au cours de cette étude, nous allons tenter de construire l’hypothèse que cette étape du choix du prénom va constituer une de ces activités fantasmatiques sous-tendue par le souhait de retrouver une satisfaction perdue.

Nous allons maintenant nous attacher à voir selon quelle logique.

Etude de « Totem et Tabou »

Le second texte sur lequel nous nous sommes arrêtés est « Totem et Tabou ».

Texte pour le moins critiqué et polémique, « Totem et Tabou » est constitué de quatre essais rédigés entre 1912 et 1913. Freud y réinterprète des données issues de l’anthropologie et de l’ethnologie de son époque pour mettre en parallèle la psychologie de peuples qu’il nomme « primitifs » et des découvertes qu’il a faites dans le cadre psychanalytique au sujet de certaines névroses.

« Totem et Tabou » a été écrit avant son texte inaugural sur le narcissisme. Mais Freud utilise déjà le concept en soulignant qu’il veut en faire une phase à intercaler entre la phase dite d’auto-érotisme et celle du choix de l’objet, ou plus précisément de distinguer dans la phase d’auto-érotisme, deux sous-phases en somme. Durant la seconde phase de l’auto-érotisme, le moi, déjà constitué, deviendrait l’objet des différentes tendances sexuelles qui, jusque-là, étaient censées se satisfaire un peu anarchiquement, de manière autonome et avec des objets quelconques. « Cette organisation narcissique ne disparaîtrait jamais complètement », écrit-il, « après même qu’il a trouvé pour sa libido des objets extérieurs. »[9]

« Animisme, magie, toute-puissance des pensées »

Nous nous sommes intéressés pour notre part plus précisément à l’essai intitulé « animisme, magie, toute-puissance des pensées ». Dans ce chapitre, Freud étudie donc l’animisme (« la théorie des représentations concernant l’âme ; au sens large du terme, la théorie des êtres spirituels en général »[10]) comme « système intellectuel » représentant pour lui « l’état naturel de l’humanité »[11], en reprenant les mots de Wundt et de Spencer.

Il reprend également de ces auteurs une théorie sur le développement de l’humanité qui aurait connu trois grandes conceptions du monde : la conception animiste, c’est à dire mythologique, la conception religieuse et la conception scientifique. Son but avoué est de mettre en parallèle cette hypothèse sur le développement de l’humanité concernant la conception qu’elle se fait du monde avec celle qu’il construit sur le développement de la libido.

Il considère l’animisme comme une théorie psychologique (celle où le monde est imaginé peuplé par ces être spirituels bien ou malveillants et dont les actions permettent d’interpréter les phénomènes naturels autrement inexplicables), comme « le plus logique et le plus complet, celui qui explique l’essence du monde, sans rien laisser dans l’ombre. »[12] Et il va au final tenter un rapprochement entre : la phase animiste avec la phase narcissique, la phase religieuse avec le stade d’objectivation (« caractérisé par la fixation de la libido aux parents »[13]), et enfin la phase scientifique avec la maturité, caractérisée cette fois par une soumission au principe de réalité.

La magie constitue pour lui « la partie la plus primitive et la plus importante de la technique animiste » et il va s’en servir pour faire le parallèle avec certaines attitudes de névrosés qu’il a déjà rencontrées notamment dans la névrose obsessionnelle. En effet, le principe de la magie va constituer une sorte de paradigme pour rendre compte de ces attitudes névrotiques vis à vis du réel.

Freud relève tout d’abord une formule de l’anthropologue Tylor : « prendre par erreur un rapport idéal pour un rapport réel »[14] que nous allons également retenir pour notre étude. Un peu plus loin, il mettra cette phrase en parallèle avec la définition de la magie que donne un autre anthropologue, Frazer : « Les hommes ont pris par erreur l’ordre de leurs idées pour l’ordre de la nature et se sont imaginés que puisqu’ils sont capables d’exercer un contrôle sur leurs idées, ils doivent également être en mesure de contrôler les choses. »[15]

Afin d’illustrer en quelque sorte ces deux propositions il va également rendre compte de deux types de magie que Frazer distingue : la magie dite « imitative » et la magie dite « contagieuse ».

Concernant tout d’abord la magie « imitative », Freud étudie les deux principes qui selon lui sous-tendent deux types de procédés magiques au sein de cette catégorie.

Le premier principe est selon Freud « la similitude entre l’action accomplie [dans le procédé magique] et le phénomène dont la production est désirée. »[16] L’exemple le plus compréhensible est celui de l’action dont l’objectif serait de faire tomber la pluie. Le sorcier va alors agir de manière à faire quelque chose qui, soit ressemble à la pluie, soit rappelle la pluie dans ses actes. Dans le second principe, « la similitude est remplacée par la substitution de la partie au tout. »[17] Ici ce sera l’exemple du cannibalisme ou plus simplement de l’ingestion de certains aliments (« Une femme enceinte s’abstiendra de manger de la chair de certains animaux dont les caractères indésirables, la lâcheté par exemple, pourraient se transmettre ainsi à l’enfant qu’elle nourrira »[18]), ou encore, et en cela, l’exemple nous apparaît particulièrement intéressant pour notre recherche, celui du nom. Freud va en effet rappeler ce qu’il a déjà avancé dans le premier essai « le tabou et l’ambivalence des sentiments » et que nous avons déjà évoqué, à savoir le fait que le nom « constitue la partie essentielle d’une personne »[19] à la fois dans certaines cultures, mais aussi pour l’enfant et même l’adulte (même si ce dernier tend à le nier). Nous reviendrons sur ce point.

Ce qui l’intéresse dans le premier principe, c’est de montrer l’évolution de l’action magique au travers de l’évolution des trois systèmes intellectuels. Ainsi, la procédure magique censée faire tomber la pluie devrait être remplacée par la suite par des prières à des saints, pour enfin devenir une technique issue du savoir scientifique. Dans le second principe, celui dit « de similitude », l’action magique procèderait selon le fait que posséder une partie du tout permettrait d’agir sur le tout (d’une personne par exemple via des cheveux ou des morceaux d’ongles récupérés, ou encore, comme on l’a dit, à partir de la connaissance de son nom).

Pour revenir enfin sur la seconde catégorie de magie dite « contagieuse », Freud souligne que cette fois, c’est « la contiguïté dans le temps, tout au moins la contiguïté telle qu’on se la représente, le souvenir de son existence » qui est le principe agissant au sein de catégorie d’actes magiques.

Freud s’aperçoit que les principes de ces procédés magiques peuvent s’interpréter selon le principe de similitude, celui de la partie pour le tout, ou encore celui de contiguïté.
On comprend qu’ils peuvent sonner étrangement à ses oreilles, c’est à dire lui rappeler les principes qui régissent les représentations psychiques des patients qu’il reçoit et à qui il demande de produire des associations d’idées. C’est ainsi qu’il pense saisir quelque chose au-delà des données des anthropologues, c’est à dire quelque chose qui pourrait expliquer à la fois l’emploi des prescriptions magiques et certaines données qu’il rencontre dans ses cures.

Le « narcissisme intellectuel »

Dans les cures des névrosés, notamment celle d’Ernst Lanzer décrite dans « Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle (l’homme aux rats) », Freud se rend bien compte que « les névroses n’attribuent de l’efficacité qu’à ce qui est intensément pensé, affectivement représenté, sans se préoccuper de savoir si ce qui est ainsi pensé et représenté s’accorde ou non avec la réalité extérieure. »[20] Il emprunte d’ailleurs l’expression « toute-puissance des idées » à Lanzer et la décrit comme « la prédominance accordée aux processus psychiques sur les faits de la vie réelle »[21].

C’est ainsi que grâce au concept de narcissisme, Freud fait le lien entre cette toute-puissance de la pensée, des idées, que l’on retrouve dans la magie utilisée dans certaines cultures, et dans certains états névrotiques, c‘est à dire enfin de compte, à peu près chez tout le monde. C’est une sexualisation de la pensée dans tous les cas, et Freud emploie le terme de « narcissisme intellectuel »[22]. Grossièrement, n’est-ce pas là une forme de « prendre ses désirs pour des réalités » ?

Ainsi pour Freud l’homme ne rompt jamais complètement avec la phase narcissique qui a marqué son développement, tant au niveau individuel que collectif. Ce qui nous intéresse plus particulièrement avec cette idée de narcissisme intellectuel, c’est que celui-ci semble à l’œuvre dans certaines tentatives de transmission, et plus précisément dans celles qui peut consister à choisir un prénom pour un enfant.

En effet, lorsque se pose la question du choix de ce prénom, s’articulent plusieurs choses. Le désir conscient des parents d’éviter certaines peines à l’enfant, de transmettre certaines valeurs familiales, culturelles, de donner un destin prestigieux à l’enfant, va s’incarner dans le choix de ce signifiant particulier qu’est le prénom. Ce prénom va porter la marque, la trace de ces désirs conscients, mais également de désirs inconscients. Mais choisir ce prénom, idéal, penser que ce prénom va effectivement pouvoir contribuer à réaliser ces désirs, va réellement transmettre quelque chose, n’appartient-il pas à cette croyance en cette toute-puissance des idées ?

En avançant ceci, nous ne voulons pas signifier que rien ne serait effectivement transmis. L’enfant qui reçoit tel prénom, telle trace du désir parental, aura affaire à ce désir, et peut-être beaucoup à faire pour se situer par rapport à ce désir. Et il se peut même qu’il finisse par réaliser en tout point le désir dont le prénom qui lui a été transmis porte la marque. Mais nous pourrions également avancer que cela peut ressortir de la même croyance en cette toute-puissance de la pensée, et au registre narcissique, mais cette fois, du côté de l’enfant. Donc encore une fois, à cette manière que le névrosé a d’être en mesure de « prendre par erreur un rapport idéal pour un rapport réel », pour reprendre les mots de Tylor. Lorsque Freud cite Frazer : « Les hommes ont pris par erreur l’ordre de leurs idées pour l’ordre de la nature et se sont imaginés que puisqu’ils sont capables d’exercer un contrôle sur leurs idées, ils doivent également être en mesure de contrôler les choses. » n’est-on pas en droit de penser que vouloir transmettre quelque chose à son enfant par le biais d’un choix adéquat de son prénom relève de cette même logique, typiquement narcissique ?

Il nous faut juste ajouter que pour le moment, lorsque nous parlons de la trace des désirs parentaux qui seraient contenus dans le prénom, nous n’avons peut-être pas encore bien distingué cette part inconsciente que nous supposons de la part consciente qui peut être invoquée par les parents. Toujours est-il qu’en ce qui concerne la façon dont l’acte de transmission d’un quelconque désir des parents au travers du prénom peut être envisagée, il nous a semblé que ce narcissisme intellectuel décrit par Freud pouvait être invoqué.

Un exemple : « Racines » d’Alex Haley

A la lecture de ce qu’a écrit Freud, je me suis rappelé un passage d’un roman qui me semble illustrer cette tentative de réaliser un souhait réellement au travers de cette croyance en une certaine magie dans l’attribution d’un prénom. En 1976, Alex Haley publiait Roots: The Saga of an American Family (le titre est traduit en français par Racines[23]), un roman censé raconter l’histoire de sa propre famille, et qui commence par l’histoire de Kunta Kinté, enlevé en Gambie en 1767 pour être vendu comme esclave en Amérique. Haley qui affirme être le descendant de la septième génération de Kunta Kinté, a retracé la vie, l’arrachement de Kinté de son village de Jufureh, en Gambie, son parcours du Lord Ligonier, le navire qui aurait transporté son ancêtre vers l’Amérique, et sa vie sur le sol américain. Son personnage, Kunta Kinté, arrive donc dans une plantation en Virginie et, résigné devant l’impossibilité de revenir en Afrique ou de s’enfuir pour retrouver sa liberté, finira par fonder une famille avec une femme nommé Bell, servante du maître de la plantation.

Un des passages m’est revenu à la lecture de Freud avec ma recherche en tête. Kunta Kinté devient alors le père d’une petite fille. Sa femme, Bell, avait souffert terriblement d’avoir été séparée d’autres filles qu’elle avait eues auparavant. Il se pose alors la question du choix du prénom de sa fille, et se dit qu’il doit trouver un nom qui exprime le plus ardent souhait de sa femme : « ne jamais la perdre, un nom qui la protégerait de cette horrible éventualité. »[24] Devant l’opposition de sa femme qui souhaite donner à l’enfant un nom toubab[25], il se met en colère car ce serait pour lui placer cet enfant sous le signe du mépris de soi-même. Il lui explique alors que pour le choix du prénom, il y avait certaines traditions à respecter comme le fait que ce choix procédait du père, et de lui seul, mais également que nul ne devait l’entendre avant l’enfant lui-même. Il finit par convaincre sa femme et procède au rituel. Il appelle alors sa fille, Kizzy, ce qui signifie en langue mandingue[26] « tu t’assieds » ou « tu ne bouges pas d’ici »[27]. Son souhait était que leur fille ne soit pas vendue comme les autres, comme les premières filles de sa femme.

Pour conclure avec le narcissisme intellectuel

Arrivé à ce point, tentons de résumer ce que nous avons extrait comme propositions de l’étude de ce texte de Freud. Ce dernier montre, au travers de la magie, que la logique du narcissisme chez l’individu, qui ne disparaît jamais complètement, est plus ou moins analogue, dans les cultures, à celle de l’animisme, en ce que toutes deux accordent une toute-puissance aux désirs humains. Cette analogie nous montre que persiste, à peu près chez tout le monde, une croyance dans le fait que la réalité extérieure est censée se conformer aux souhaits, aux idées des hommes, quel que soit leur degré d’évolution ou de maturité, et leur capacité de renoncement devant ce qu’imposent les exigences de la réalité.

De notre côté, nous pensons que cette logique narcissique, c’est à dire pour ce qui nous concerne, la croyance dans une certaine magie par rapport aux effets de l’attribution de tel ou tel prénom, est à l’œuvre dans le choix que les parents font concernant le prénom de leur futur enfant. En parlant de « magie » quant aux effets du choix du prénom, nous précisons que cela n’a aucune signification péjorative, et ne rend pas plus inopérant les effets réels que le choix d’un prénom pourrait en définitive avoir. En effet, rien n’empêche « la magie d’opérer », bien au contraire. Nous ne souhaitons que tenter de qualifier au mieux certains phénomènes.

Dans « Le moi et le ça », et plus particulièrement dans le chapitre intitulé « le moi et le surmoi (idéal du moi) », Freud écrit « Les conflits entre le moi et l’idéal reflèteront en dernier ressort, nous y sommes maintenant préparés, l’opposition entre réel et psychique, monde extérieur et monde intérieur. »[28] C’est dans ce texte que Freud va élargir son concept d’idéal du moi pour en faire son surmoi, nous aurons l’occasion d’y revenir, mais cette citation nous semble bien résumer ce que nous cherchions à exprimer. Le narcissisme et l’idéal, pour Freud, seront toujours placés du côté des représentations psychiques, et donc en opposition avec quoi que ce soit de véritablement réel.

Etude de «  Pour introduire le narcissisme »

La venue de l’enfant et la résurgence du narcissisme

Freud avançait dans « Pour introduire le narcissisme » que « si l’on considère l’attitude de parents tendres envers leurs enfants, l’on est obligé d’y reconnaître la reviviscence et la reproduction de leur propre narcissisme qu’ils ont depuis longtemps abandonné. » Cette attitude des parents envers leur enfant est même une preuve pour Freud de l’existence antérieure de ce stade qu’est le narcissisme.

« Maladie, mort, renonciation de jouissance, restrictions à sa propre volonté ne vaudront pas pour l’enfant, les lois de la nature comme celles de la société s’arrêteront devant lui, il sera réellement à nouveau le centre et le cœur de la création. » Freud décrit là le sentiment parental devant l’enfant. Selon lui, ce sentiment a donc pour origine le narcissisme du parent lui-même, c’est à dire ce moment où le parent, enfant lui-même, se prenait encore pour idéal lui-même. Rien n’est véritablement oublié, derrière l’amour que les parents portent en direction de leur enfant, Freud  y voit la résurgence de leur propre narcissisme, projeté cette fois sur l’enfant.

« L’amour parental, si touchant et au fond, si enfantin, n’est rien d’autre que le narcissisme des parents qui vient de renaître et qui, malgré sa métamorphose en amour d’objet, révèle à ne pas s’y tromper son ancienne nature. »[29]

Freud semble décrire cette projection narcissique une fois que l’enfant est là, une fois que ce dernier se trouve réellement en présence des parents. Mais nous pensons que le moment de la grossesse est un moment où la nature narcissique de l’amour parental entre déjà en jeu. Si l’on considère que l’amour ne peut véritablement démarrer qu’à partir de la naissance, nous parlerons alors de l’investissement parental porté à la représentation de l’enfant qui se crée pendant la grossesse et on considérera la nature de cet investissement d’autant plus comme narcissique.

Côté mère, côté père

Dans son ouvrage, la dette de vie, Monique Bydlowski décrit par exemple un état psychique particulier pendant la grossesse qu’elle nomme « la transparence psychique », qui serait un état « de susceptibilité ou de transparence psychique où des fragments de l’inconscient viennent à la conscience. Ce phénomène qui, cliniquement, caractérise souvent de graves affections, notamment les psychoses, se présente chez la femme enceinte comme un événement ordinaire. »[30] Ainsi elle décrit une réactivation du passé avec « des réminiscences anciennes et des fantasmes habituellement oubliés qui affluent en force à la mémoire, sans être barrés par la censure. »[31] Et un état où « la plupart des femmes qui ont l’occasion de s’exprimer librement sont silencieuses sur l’enfant qu’elles portent et se centrent de façon nostalgique sur celui qu’elles ont été autrefois. » Au stade de la grossesse, en effet, l’enfant est d’abord une simple idée, soutenue par des perceptions sensorielles, en tout cas pour la mère. L’investissement de cette idée, de cette représentation d’enfant qui va se créer, est narcissique, car « il vise un objet appartenant à la personne propre. »[32]

Il est vrai que les aspects narcissiques du côté de la mère sont assez aisés à saisir, et ils ont été effectivement déjà été étudiés. Mais les remaniements narcissiques du côté du père ne sont pas moins importants, même s’ils suivent bien évidemment d’autres voies.

Concernant le père, qui est, mis à part les échographies, effectivement absent des processus corporels ou sensoriels de la gestation, il est vrai que l’on met toujours l’accent sur le versant de la transmission de l’histoire, du registre symbolique dont il serait le porteur ou le vecteur. C’est le père qui, en tout cas jusqu’à il y a peu, inscrivait son enfant à l’état civil et le présentait en quelque sorte à la société. Il lui transmettait également son nom, le patronyme, qu’il avait lui-même reçu. Mais nous pensons que même si cela est rarement mis en avant, les aspects narcissiques paternels ne sont pas épargnés dans ce processus qu’est la grossesse. Les projections narcissiques du père peuvent d’ailleurs être visibles lorsqu’elles conduisent par exemple au fantasme d’enfantement ou encore de couvade[33] mais également dans des états dépressifs.

Dans un article de la monographie La grossesse, l’enfant virtuel et la parentalité [34], Bernard Golse aborde le versant psychique de la grossesse au travers d’une réflexion sur la procédure d’agrément dans le contexte d’adoption. Ce concept de « grossesse psychique » permet ainsi de décrire certains phénomènes psychiques que rencontrent de futurs adoptants (ou biologiques) et qui concourent au processus de parentalisation.

Cet ensemble de remaniements psychiques s’articulent selon Golse autour de trois aspects :

  • La maturation des représentations parentales de l’enfant à venir
  • La question de la transparence psychique que nous avons déjà évoquée
  • La notion de touch-points développée par T.B. Brazelton[35]

Ce qui nous intéresse par rapport à notre sujet, ce sont ces fameux « quatre bébés dans la tête des parents ». En effet, l’enfant à venir est d’abord « matière à pensées » (ou « une matière de pensées ») pour les futurs parents. C’est ce que l’on a coutume de désigner par « enfant imaginaire » et qui recouvre finalement quatre dimensions distinctes.

L’enfant fantasmatique

« Il s’agit d’un groupe de représentations mentales principalement inconscientes et que chacun des deux parents s’est forgé tout au long de son histoire depuis sa plus tendre enfance. »[36] Sous ce terme d’enfant fantasmatique est donc désigné entre autres l’enfant qui peut être désiré du père par la petite fille (ou par le petit garçon ?). Ces représentations inconscientes seront réélaborées à différentes périodes de la vie, comme à l’adolescence typiquement.

L’enfant imaginé

« Il s’agit au fond des rêveries conscientes et pré-conscientes du couple à propos de l’enfant qu’il projette d’avoir : son sexe, son prénom, son apparence, etc… »[37] Ce deuxième groupe de représentations est plus tardif dans l’histoire individuelle. Il apparaît par exemple quand un homme ou une femme commence à anticiper un enfant, à projeter d’avoir un enfant, ou d’adopter un enfant. Principalement conscientes ou pré-conscientes, ce sont, en partie, les représentations auxquelles nous avons affaire pendant les échanges avec les parents. « En partie », car les représentations auxquelles nous avons affaire sont bien évidemment des composites de ces « quatre bébés », mais surtout parce qu’il y a eu un enfant bien réel entre-temps. Les souvenirs de ces rêveries ont donc subies des remaniements au travers de la naissance et du développement de l’enfant. La fameuse déception qui survient éventuellement lors de la rencontre entre le parent et l’enfant bien vivant, due à la présence de cet enfant imaginé idéal, sera par exemple a priori refoulée.

L’enfant narcissique

C’est « le dépositaire de tous les espoirs et de toutes les attentes de ses parents », écrit Golse qui relit Freud et son « Pour introduire le narcissisme ». « Tout ce qu’ils n’ont pas pu faire, tout ce qu’ils n’ont pas réussi, tous les idéaux manqués, leur enfant sera chargé de l’accomplir. »[38] Même si cela peut être difficile à accepter sans rivalité par les parents rappelle l’auteur.

L’enfant mythique ou culturel

« Chaque groupe culturel a ses représentations spécifiques de l’enfant et celles-ci imprègnent (…) le fonctionnement psychique des adultes (…) »[39] C’est à notre sens ce qu’on peut observer dans l’idéalisation persistance de l’enfant dans nos sociétés : un enfant de plus en plus précieux, soumis à une injonction de perfection, et d’autonomie la plus rapide possible. Nous y mettrions également l’enfant désiré, programmé, comme seul possibilité de « bon départ dans la vie ».

Nous voulions nous arrêter sur ces distinctions entre ces « quatre bébés » car elles nous semblent intéressantes pour pouvoir peut-être mieux entendre le discours des parents. Nous pensons également que cela appuie notre intuition quant au rôle de l’idéal du moi dans le choix du prénom.

Nous avons dit que l’enfant narcissique irriguait en quelque sorte les rêveries qui aboutissent à l’enfant imaginé, que ce soit du côté de la mère, ou du père.

Nous pensons enfin que ce groupe de représentations inconscientes qui constitue cet enfant narcissique a partie liée avec l’idéal du moi de chaque parent.

Le choix du prénom intervient généralement pendant la grossesse. C’est d’ailleurs une étape très importante pour les parents. Bien souvent, interrogés sur la grossesse, ce sont les premiers souvenirs qui leur viennent : comment ce choix s’est passé, comment il a été négocié par les deux partenaires, etc…

Certains parents se montrent même prudents. Ils se renseignent sur les meilleures conditions du choix et disent vouloir faire attention à l’attribution de tel ou tel prénom pour ne pas provoquer certaines conséquences fâcheuses pour l’enfant.

Ainsi si les narcissismes, de la mère et du père, jamais complètement dépassés, sont « visibles » au travers de l’attitude des parents envers leur enfant, dans le fait que ces parents projettent en quelque sorte l’idéalisation de leur moi propre sur l’enfant, l’idéal du moi de ces mêmes parents ne peut pas ne pas rentrer en jeu également.

En effet, ces parents sont également des adultes dont le moi a subi un certain développement qui a abouti, selon Freud, à l’émergence de cette instance qu’est l’idéal du moi.

Nous pensons que l’idéal du moi des parents serait censé veiller ou s’éveiller à cette étape, et ce d’autant que le narcissisme parental est lui aussi réveillé par la venue de ce nouvel enfant.

Comment affiner notre compréhension de l’articulation du narcissisme et de l’idéal du moi dans la relation qui se construit entre les parents et leur représentation de l’enfant à venir ?

Nous pensons que cela nous aiderait peut-être pour mieux caractériser comment le choix du prénom de l’enfant pourrait être influencé ou déterminé par cette relation. Il se peut que nous trouvions la réponse lorsque nous aurons abordé un peu plus ce concept d’idéal du moi.

Attachons-nous alors à cette notion d’idéal du moi chez Freud, afin de dégager les propositions qui vont nous servir à élaborer notre hypothèse de travail.


[1] Sigmund Freud, « Pour introduire le narcissisme », in Œuvres complètes, tome XII, PUF, 2005.

[2] Sigmund Freud, « Pour introduire le narcissisme », in Œuvres complètes, tome XII, PUF, 2005, p. 221

[3] Jacques Lacan, « Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je », in Ecrits I, Seuil, 1999.

[4] Sigmund Freud, « le poète et l’activité de fantaisie », in Œuvres complètes, tome VIII, PUF, 2007, p. 161

[5] ibid., p. 163

[6] ibid., p. 163

[7] Sigmund Freud, « Pour introduire le narcissisme », in Œuvres complètes, tome XII, PUF, 2005, p. 243

[8] Sigmund Freud, « le poète et l’activité de fantaisie », in Œuvres complètes, tome VIII, PUF, 2007, p. 163

[9] Sigmund Freud, Totem et Tabou, Petite Bibliothèque Payot, 2001, p. 128.

[10] Ibid., p. 109

[11] Ibid., p. 112

[12] Ibid., p. 112

[13] Sigmund Freud, Totem et Tabou, Petite Bibliothèque Payot, 2001, p. 130.

[14] Ibid., p. 114.

[15] Ibid., p. 120. C’est une définition que Freud cite de l’article « Magic » de Frazer dans la 11ème édition de l’Encyclopaedia Britannica ».

[16] Ibid., p. 117.

[17] Ibid., p. 118.

[18] Ibid., p. 119.

[19] Ibid., p. 118.

[20] Sigmund Freud, Totem et Tabou, Petite Bibliothèque Payot, 2001, p. 125.

[21] Ibid., p. 126.

[22] Ibid., p. 129.

[23] Alex Haley, Racines Tome I et II, J’ai Lu, 1977.

[24] Alex Haley, Racines Tome I, J’ai Lu, 1977, p. 43.

[25] Toubab est la contraction du mot toubabou et désigne le blanc vivant en Afrique, ou plus généralement le blanc.

[26] Le mandingue est une langue très répandue en Afrique de l’Ouest, notamment au Sénégal, mais aussi en Gambie et en Guinée-Bissau.

[27] Alex Haley, Racines Tome II, J’ai Lu, 1977, p. 47.

[28] Sigmund Freud, « Le moi et le ça », in Œuvres complètes, tome XVI, PUF, 1991, p. 280.

[29] Sigmund Freud, « Pour introduire le narcissisme », in Œuvres complètes, tome XII, PUF, 2005, p. 235

[30] Monique Bydlowski, La dette de vie, PUF, 2006, p. 92.

[31] Ibid., p. 95

[32] Ibid., p. 97

[33] La grossesse, l’enfant virtuel et la parentalité, Sous la direction de Sylvain Missonnier, Bernard Golse, Michel Soulé, Monographies de la psychiatrie de l’enfant, PUF, 2004.

[34] Bernard Golse, « La “grossesse” des parents adoptants », p.193-213 in La grossesse, l’enfant virtuel et la parentalité.

[35] La notion de « touch-point » désigne une période particulière du développement de l’enfant : avant chaque bond en avant, chaque progrès, l’enfant peut se mettre provisoirement à régresser, ce qui provoque mécontentement, inquiétude et angoisse chez les parents.

[36] Bernard Golse, « La “grossesse” des parents adoptants », in La grossesse, l’enfant virtuel et la parentalité,  p.195.

[37] ibid., p. 196.

[38] ibid., p. 197.

[39] Bernard Golse, « La “grossesse” des parents adoptants », in La grossesse, l’enfant virtuel et la parentalité, p.198.

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